Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles
Chargé de tirer le bilan d’un précédent rapport sénatorial de 2005 sur le drame de l’amiante en France, le Comité de suivi amiante du Sénat vient de rendre publiques 28 propositions pour faire de la prévention du risque amiante une grande cause nationale. L’Andeva, qui a été auditionnée à deux reprises par ce comité, souligne l’importance de plusieurs d’entre elles, dont elle demande la mise en œuvre rapide.
Le comité de suivi regrette par ailleurs le fait que plusieurs propositions du rapport de 2005 concernant la cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante et le fonds d'indemnisation des victimes de l’amiante n'aient pas été mises en œuvre.
La proposition de "mettre en place une stratégie pluriannuelle de désamiantage dans les établissements publics » actualisée, et publique, avec « des financements pérennes, un échéancier et un suivi régulier » rejoint la demande de l’Andeva d’un plan d’éradication de l’amiante, nationalement et par région. Il y a aujourd’hui en France plus de 20 millions de tonnes de matériau contenant de l'amiante qui se dégradent, année après année. L’éradication de ce matériau cancérogène suppose une volonté politique tenace, inscrite dans la durée, des moyens et des priorités. La création proposée d'une « mission d’appui pour les maîtres d’ouvrages publics confrontés au désamiantage » serait certainement un outil utile pour y parvenir.
Le Comité reprend partiellement une proposition de la mission amiante de Claude Got en 1998 : « créer une base de données internet, régulièrement mise à jour, avec tous les DTA (dossiers techniques amiante) ». La création d'une telle base de données, que les gouvernements successifs refusent depuis 15 ans, constituerait une avancée considérable pour la prévention du risque amiante, sous réserve bien sûr que celle-ci soit accessible aux utilisateurs des bâtiments. On peut regretter que la proposition limite la base de données aux « établissements publics de l’Etat et des collectivités territoriales », alors que la proposition originale de 1998 concernait tous les bâtiments.
Le comité propose de « créer une plate-forme internet unique sur le risque amiante, en déclinant les informations selon l’identité de l’utilisateur (particulier, parent d’élève, maitre d’ouvrage public ou privé, donneur d’ordre, entreprise de désamiantage) » qui permettrait à tous d’accéder rapidement à des informations régulièrement mises à jour et renverrait vers les sites appropriés existants. Un tel outil constituerait assurément un complément important pour inscrire dans la réalité la prévention du risque amiante.
Le rapport souligne à juste titre que le repérage de l’amiante en place est aujourd’hui « le maillon faible de la réglementation » et fait des propositions pour améliorer la qualité des repérages, la formation des diagnostiqueurs et le contrôle de leurs pratiques professionnelles ainsi que pour étendre les obligations en matière de diagnostic avant travaux.
Il propose également « d’assurer une meilleure protection des travailleurs » et pour cela de renforcer l'action de l'inspection du travail, notamment « en augmentant ses effectifs » et « en créant une cellule nationale d’appui «amiante» à la Direction générale du travail (DGT) » et des cellules spécialisées dans chaque direction régionale.
Afin de « renforcer la protection de la population », il reprend une proposition faite en février 2009 par l’Anses (ex-Afsset) : abaisser d’un facteur 10 le seuil de gestion de l’amiante dans les bâtiments. Cette proposition, restée lettre morte depuis cinq ans, est aujourd’hui une urgence.
L’élimination des matériaux contenant de l’amiante dans des décharges agréées est une obligation légale. Le comité note avec raison que le nombre de ces décharges, déjà insuffisant, a baissé et que leur répartition entre départements est inégale. Il souligne aussi la nécessité – pour éviter les décharges sauvages – d’une information régulièrement actualisée des particuliers, sur l’emplacement des décharges et d’une réflexion avec les collectivités locales sur les « moyens d’organiser la collecte et le stockage à des coûts abordables pour les particuliers ». Une demande que portent de nombreuses associations locales de l’Andeva. Il est dommage qu’en matière de traitement des déchets il limite son horizon à l’enfouissement, sans évoquer la nécessité d’une recherche active pour abaisser le coût financier et énergétique des procédés transformant l’amiante en matériau inerte.
Le comité de suivi revient par ailleurs sur le rapport sénatorial de 2005 pour regretter que plusieurs propositions n'aient pas été mises en œuvre :
- extension du dispositif de cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante (ACAATA) par la création d'une voie individuelle d'accès (que le comité de suivi qualifie de « question de justice pour les salariés exposés à l’amiante ») ;
- accès des fonctionnaires à la cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante ;
- permettre au Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (FIVA) d'accorder aux victimes le bénéfice qui s'attache à la reconnaissance de la faute inexcusable de l'employeur.
Le récent rapport de la Cour des comptes avait lui-même repris les deux dernières propositions. Il est grand temps que le gouvernement les mette en œuvre.