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Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles

COLLOQUE "AMIANTE" AU SENAT

COLLOQUE "AMIANTE" AU SENAT

Lundi 13 avril, à l’initiative de la sénatrice Aline Archimbault (EELV), le palais du Luxembourg a été le cadre d’un large colloque sur le thème « AMIANTE, DESAMIANTAGE, COMMENT REPONDRE AUX DEFIS ». De nombreux responsables de l’Andeva et de ses associations locales, ainsi que des intervenants venant de divers univers ont répondu présent pour enrichir cette journée de leurs expériences.

La première table ronde, dont la modératrice était la sénatrice de Maine et Loire Catherine Deroche (UMP), a débuté par une introduction de Pierre Pluta qui a évoqué quelques chiffres du récent rapport de l’INVS. Celui-ci souligne que, contrairement à des prévisions optimistes manifestement prématurées, le nombre de mésothéliomes, loin de baisser, est en augmentation et que 18 ans après l’interdiction de l’amiante les cancers continuent de tuer. Le président de l’Andeva a également profité de cette présence parlementaire pour rappeler les différentes préconisations de l’Andeva en matière de pénal, d’acaata, de suivi post professionnel, post-consolidation et de prévention.

Parmi les autres intervenants de cette première tribune, Pascal Canu président de l’Adeva Cherbourg, a évoqué l’importance de l’aide psychologique apportée aux victimes et à leurs familles. Il a exposé l’expérience de l’Adeva dans ce domaine à travers un partenariat passé avec le CHU du nord Cotentin (voir article dans Bulletin 46).

Francis Judas, co-président de Ban Asbestos France, évoquant la lutte du Tripode de Nantes, s’est penché sur le thème de la reconnaissance des maladies professionnelles chez les fonctionnaires et de leur accès toujours en attente à l’Acaata.

L’épidémiologiste Hélène Imbernon s’est intéressée à la surveillance des mésothéliomes et aux études récentes qui tendent à montrer une corrélation entre la présence de plaques pleurales et le sur-risque de cancers de la plèvre par rapport aux personnes exposées qui n'ont pas de plaques.

Le professeur Arnaud Scherpereel du CHU de Lille, coordinateur du réseau Mésoclin a fait le lien entre dépistage et suivi post professionnel. Il a alerté sur les difficultés à réunir des fonds pour la recherche sur le mésothéliome et les autres cancers dits « rares ». Il a souligné le rôle de soutien moral d’une consultation médicale.

En conclusion de la matinée, le président de la chambre sociale de la cour de cassation et ancien président du Fiva, Pierre Sargos est revenu sur les fondements du code pénal français et sa totale inadaptation aux procédures actuelles contre les crimes industriels. Il a montré que des pistes d’évolution avaient pourtant été explorées plus d’un siècle auparavant, sans résultat à ce jour !

Le débat qui a suivi a permis de revenir sur les problèmes de traçabilité des expositions à l’amiante, leur importance dans la mise en pratique d’un suivi post professionnel efficace tel que préconisé par la HAS en 2010. Anne Marchand du GISCOP est revenue sur les expériences menées en Seine Saint Denis sur la reconstitution des parcours professionnels des victimes de cancers.

  • La seconde table ronde de la journée était centrée sur les problèmes du repérage de l’amiante et du retrait de l’amiante en place.

Michel Parigot, vice-président de l’Andeva, est revenu sur l’histoire du désamiantage et du repérage qui a bien avancé depuis les premiers temps du comité anti-amiante Jussieu. Les entreprises spécialisées dans le désamiantage qui se comptaient à l’époque sur les doigts de la main se comptent aujourd’hui par centaines, même s’il est permis d’émettre des doutes sur les compétences de certaines. Il est ensuite revenu sur les problèmes de contrôle des chantiers et la faiblesse des amendes encourues. Il a rappelé aussi l’échec de l’auto contrôle en ces domaines (repérage, désamiantage, maitrise d’œuvre) et le besoin criant d’une reprise en main par les pouvoirs publics.

José Faucheux, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, a rappelé les difficultés actuelles rencontrées par les artisans auxquelles il est confronté lorsqu’il s’agit d’identifier avec certitude un matériau amianté sur un chantier où aucun diagnostic n’a été fait. Il a évoqué les démarches faites en vue d’organiser des formations spécifiques vers les artisans. Il a mis l’accent, sur les décharges sauvages et les a condamnées.

Guy Jean, créateur et ancien PDG d’une société de désamiantage, a fait une présentation de la profession et des métiers qu’elle recouvre.

Luc Baillet, architecte et fondateur de « Réseau A+ » est revenu sur le métier de diagnostiqueur. Il a pointé du doigt les problèmes de compétence et d’indépendance qui alimentent selon lui les dérives liées à cette activité qui constituent le « maillon faible» de la profession. Il a parlé du rôle des assureurs vis-à-vis de l’amiante et de la manière dont ils instrumentalisent le sujet.

François Brassens, de Syntec Ingénierie, a rappelé qu’il existait actuellement plus de 900 entreprises de désamiantage en France. Il souhaite la création d’un comité de pilotage sur l’amiante en place auquel tous les acteurs concernés par le sujet participeraient. Il n’existe pas de véritable repérage avant travaux. Il a aussi évoqué les lacunes du diagnostic, les opérateurs n’ayant pas besoin de certification.

Aline Archimbaud qui animait cette table ronde a conclu en précisant que l’objet du colloque était de rassembler des compétences venues d’univers différents avec des intérêts souvent convergents et de les faire échanger en vue d’avancer ensemble.

Durant le débat qui a suivi, Pierre Bernardini, membre de la commission prévention de l’Andeva, a déploré que les millions de locataires du logement social n’aient toujours pas accès aux informations sur la présence d’amiante dans leur logement. Il a pointé les nombreux problèmes rencontrés avec les bailleurs.

Roland Hottelard de l’Addeva 44 est aussi intervenu pour évoquer les lacunes constatées sur les nombreux chantiers en Loire Atlantique, notamment en ce qui concerne le démantèlement des navires à Saint Nazaire.

  • La troisième table ronde réunissait essentiellement des scientifiques et des militants associatifs.

Parmi les premiers, le professeur Claude Got a fait une intervention très remarquée sur la nécessité de mettre en ligne sur Internet les informations des diagnostics amiante sur un site accessible à tous. Il a rappelé que cette idée qui ressurgit enfin dans le débat public faisait partie des recommandations qu’il avait lui-même formulées dans son rapport remis en avril 1998. Il s’est posé la question de savoir pourquoi une mesure si peu couteuse n’avait pas encore vu le jour et a soulevé le rôle très négatif du lobby des propriétaires.

Le modérateur de la table ronde, le sénateur Dominique Watrin (CRC), a proposé la rédaction d’un amendement en ce sens par le groupe parlementaire AMIANTE.

Claude Got, (78 ans), a ajouté avec humour qu’il souhaiterait que cela se fasse vite afin de pouvoir annoncer à son épouse cette avancée réglementaire qu’il attend et espère depuis 18 ans.

Gérard Voide, de Ban Asbestos France, et Jean Claude Barbé, de l’Aldeva Condé Flers, ont tour à tour fait le récit des luttes menées unitairement par des associations de riverains, de victimes et de défenseurs de l’environnement (usines CMMP Aulnay-Sous-Bois et Valéo à Caligny) pour faire échouer des projets de retrait d’amiante et de démantèlement comportant de gros risques de pollution vis-à-vis des ouvriers de ces chantiers comme de la population environnante. Ces deux exemples édifiants de combats menés avec une opiniâtreté exemplaire ont été relatés par le détail dans les bulletins de l’Andeva n°46, 47 et 48.

Charles Ducrocq, ancien ingénieur Cramif, est revenu sur la nécessité d’encadrer très sévèrement et beaucoup plus sérieusement qu’il ne l’est à l’heure actuelle le métier de diagnostiqueur.

Annie Thébaud-Mony est intervenue sur la situation internationale. Elle a rappelé que l’amiante n’était pas encore interdit dans de nombreux pays. Elle a établi la liste de ceux qui continuait à le produire ou à l’utiliser dans leurs constructions. Elle appelé au soutien d’une proposition de loi qui obligerait les entreprises pollueuses à supporter le coût des chantiers de désamiantage dont elles sont responsables.

Michel Hery, de l’INRS a commenté, pour s’en féliciter, le fait que la valeur limite d’exposition professionnelle (VELP) devrait passer de 100 à 10 fibres par litre d’air au premier juillet prochain. Il a rappelé l’évolution des mesures de protection sur les chantiers de désamiantage ces dernières années, notamment le passage des masques FFP3 à la technique de l’induction d’air. Il a loué le travail des associations et leur a demandé de mettre leurs compétences en commun pour faire pression sur les pouvoirs publics de façon à faire appliquer les lois et les recommandations qui vont dans le sens d’une plus grande protection des individus pour l’amiante et pour d’autres cancérogènes.

Pour conclure cette journée, Alain Bobbio, (Andeva, Addeva 93) a rappelé que si les études épidémiologiques parlaient de 100 000 morts à venir, le nombre réel dépendra en fait des mesures de prévention que les pouvoirs publics seront capables de prendre pour protéger les populations et se débarrasser au plus vite de l’amiante en place. Il a appelé à la construction de synergies entre associations et organisations syndicales pour la reconnaissance des maladies professionnelles, les actions judiciaires et la prévention.

Aline Archimbaud a annoncé que les actes de ce colloque seront publiés. Ils reprendront l’intégralité des interventions faites ce lundi 13 avril.

COLLOQUE "AMIANTE" AU SENAT
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