Les 20 bougies du Caper Bourgogne

Le 20 octobre 2016, deux cent adhérents du Caper  Bourgogne se sont rassemblés devant la stèle de Paray-le-Monial pour célébrer les 20 ans d’existence de leur association et rendre hommage aux nombreuses victimes de l’amiante  et du travail décédées depuis sa création. Plus de 140 ont ainsi été répertoriées par le Caper dans la seule usine Eternit de Vitry en Charollais.

C’était le 8 octobre 1996. La France venait (enfin !) d’interdire  la production et l’utilisation de l’amiante et l’Andeva venait de se créer. C’est dans ce contexte de changements importants qu’une réunion d’information était organisée à Paray-le-Monial en vue de créer un « Comité amiante, prévenir  et réparer (CAPER) » pour la région Bourgogne.

A l’origine de ce projet, quatre hommes qui se trouvaient ce jour-là à la tribune de cette réunion : Daniel Granger (Mutuelle du Charolais), Guy Tales (Mutuelle de France), Attilio Manerin (journaliste à Viva) et Jean François Borde (Mutuelle Eternit). Tous quatre constituaient alors le bureau provisoire de la nouvelle association.

Un accent particulier était mis sur le suivi médical post-professionnel (SPP) pour tous ceux qui avaient été en contact avec l’amiante, seule procédure permettant le repérage et,  par suite, l’indemnisation des victimes.

20 ans plus tard, trois d’entre eux sont toujours présent au Caper dont Jean François Borde est aujourd’hui encore le président. C’est lui qui a lu le 20 octobre 2016, devant la stèle, un texte en hommage à toutes celles et tous ceux qui ont été les victimes du matériau cancérogènes sans avoir eu la satisfaction d’assister au procès pénal qui devait sanctionner leurs empoisonneurs.   

Il s’est souvenu qu’à l’époque, Eternit avait cessé d’utiliser l’amiante dès le lundi 8 juillet 1996, suite à l'annonce de l'interdiction de l'amiante du Ministre Barrot le 3 juillet, la remplaçant immédiatement par des matériaux de substitution alors qu’elle avait toujours nié cette possibilité.

Jamais en manque de cynisme – on se souvient de ses tentatives multiples pour faire payer à l’Etat les indemnisations dues aux victimes qu’elle avait empoisonnées  - Eternit avait ensuite demandé 1 millions de francs au conseil régional pour  financer la « transition » vers une production sans amiante, alors même que celle-ci existait déjà. En effet, de tels produits étaient exportés bien avant cette date vers l’Allemagne ou la Suisse, pays plus avancés en matière de législation restrictive. La manœuvre avait échoué mais une somme de 100 000 francs avait tout de même été accordée à Eternit.

Cette émouvante journée s’est poursuivie autour d’un repas durant lequel plusieurs invités ont pris la parole.

Sylvie Topaloff, avocate de l’association depuis l’origine, s’est penchée sur le passé et ses figures incontournables. Elle a évoqué l’histoire du Caper depuis ses débuts et a salué le chemin parcouru et le travail accompli.

Jean Paul Teissonnière, son confrère, a évoqué l’avenir et les échéances à venir, au premier rang desquelles  se place le procès pénal Eternit qui se profile à l’horizon 2017.

Il faut rappeler ici que les deux premières plaintes pénales contre Eternit ont été déposées par deux ouvriers de l’usine de Thiant en octobre 1996 auprès du procureur Eric de Mongolfier. Le premier est décédé en  1997, le second en 1998. Ils n’auront même pas eu le temps de voir débuter la procédure.

Jacques Faugeron, nouveau président de l’Andeva, a lancé un appel à l’unité des victimes en  soulignant qu’il ne fallait pas laisser le champ libre à nos adversaires, particulièrement virulents par les temps qui courent.  Il a lui aussi listé les acquis, qui sont nombreux, mais aussi rappelé les manques qui viennent nous rappeler qu’il reste beaucoup à faire.

Guy Tales, Danier Granger et Jean François Borde, les trois mousquetaires du Caper qui, comme chacun sait, étaient quatre, et auxquels il faut donc ajouter ajouter Attilio Manerin.