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Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles

La Caper Ardèche visite la mine de Canari

Le 18 octobre 2016, 45 adhérents du Caper 07 se sont rendus à Canari en Corse pour une visite de la mine du même nom, ou plutôt de ce qu’il en reste. Ils ont été reçus par le maire de la localité qui s’est chargé de répondre à leurs interrogations.

Un peu d’histoire …

Tout avait commencé en 1898 par la découverte d’un important filon d’amiante au cœur des falaises de Canari. Il fallut ensuite attendre un peu pour voir débuter son exploitation par la société Eternit dans les années 1920. Le minage de cette fibre minérale aux propriétés ignifuges a d’abord été artisanal, jusqu’à la construction d’une imposante usine, achevée en 1953. La production a alors crû en flèche jusqu’à atteindre 28 000 tonnes de minerai par an. Un résultat qui a un temps placé la France au 7e rang mondial pour la production d’amiante, grâce au seul site de Canari. Celui-ci couvrait un cinquième des besoins industriels français en 1962.

Après la guerre, quelque trois cents familles sont venues s’installer à Canari et dans les villages environnants, sans compter ceux qui travaillaient pour les sous-traitants. Ces familles étaient des continentaux, mais aussi des Italiens et des Polonais.

Cela permit de restaurer beaucoup de maisons en ruines, dont les habitants avaient quitté le village, faute de travail. On créa même un centre culturel. A cette époque, Canari était une municipalité riche. L’exploitation de l’amiante était devenue « l’industrie la plus florissante de l’île », affirme Guy Meria, auteur de « L’Aventure industrielle de l’amiante en Corse » (disponible au siège de l’Andeva). L’acheminement du minerai vers le continent représentait alors à lui seul le tiers de l’activité du port de Bastia.

Mais ça, c’était avant…

L’usine a fini par fermer ses portes. C’était en 1965. A l’époque, c’est la concurrence canadienne et son amiante moins cher qui ont été invoquées. On n'avait pas encore pris la mesure des dégâts humains provoqués par l'activité minière, même si on commençait à en parler depuis qu’en 1963, un délégué syndical avait découvert par hasard les radiographies d’ouvriers envoyées par la Sécurité sociale à l’employeur, qui n’avait rien dit. Il était clairement indiqué dans ces dossiers que plusieurs ouvriers étaient atteints d’asbestose.

En 1973, après presque 10 ans d’abandon, la mine a été vendue à la commune pour un franc symbolique. Une bonne affaire, en apparence…

Ce n’est que presque trente ans plus tard, en 2001, que, Guy Meria, ancien inspecteur des affaires sanitaires et sociales, a décidé de mener une enquête sur les conséquences sanitaires de cette exploitation. Il a passé des années à rechercher d’anciens ouvriers de l’usine pour analyser leurs dossiers médicaux.
Il n’a pas pu retrouver la trace de la totalité des 1 413 ouvriers qui ont travaillé sur le site, ni des employés des sous-traitants ou des anciens habitants de Canari et des environs. Mais sur 583 personnes retrouvées, 73 étaient décédées des suites de l’amiante, soit 12,5 %. Il estimait alors le nombre de décès probables à plus d’une centaine.

Aujourd’hui, devant les militants du Caper Ardèche, le maire actuel a surtout évoqué le futur et l’important chantier de réhabilitation dont les travaux viennent de commencer. On prévoit de déconstruire les bâtiments et d'enfouir les gravats au creux de la mine, puis de recouvrir le tout de terre végétale afin de redonner vie à cette zone abandonnée depuis des décennies.

12 millions d’euros ont été débloqués par le ministère de l’environnement pour en venir à bout de cette tâche. La société Eternit, elle, ne versera pas un centime. Il semble qu’on n’ait même pas songé à la solliciter.

Après 2 heures passées sur le site, les adhérents du Caper sont repartis sans que leurs inquiétudes pour la population locale ne soient levées. Beaucoup de questions ont été posées suite à cette visite : Le danger n'est-il pas sous-estimé ? Comment éviter que la démolition des bâtiments ne mette en péril les ouvriers du chantier et la population ? Quel mode opératoire, quelles mesures de prévention ?  Cette discussion leur a surtout montré l’ampleur de ce qui reste à accomplir pour obtenir une réelle prise en compte du risque amiante par les élus locaux.   

La Caper Ardèche visite la mine de CanariLa Caper Ardèche visite la mine de Canari
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