Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles
Le 9 janvier, une réunion du réseau de l’Andeva s’est tenue au Palais du Luxembourg. 20 ans après l’interdiction, cette réunion était l’occasion d’effectuer un bilan sur la situation des victimes et du risque amiante en France. 130 personnes et 22 associations avaient répondu présent.
Quatre thèmes ont été débattus durant cette journée, et chacun de ces thèmes était introduit par un grand témoin.
Le professeur Arnaud Scherpereel, chef de service de pneumologie et d’oncologie thoracique de l’hôpital de Lille, était venu présenter les avancée récentes en matière de traitement du mésothéliome. Il a évoqué les progrès, lents mais réels, mais aussi les difficultés rencontrées.
La recherche avance : la biologie moléculaire permet de mieux comprendre les mécanismes fondamentaux du mésothéliome (rôle du gène BAP1). Des patients bénéficient d'une chirurgie associée à une photothérapie. La chimiothérapie classique associée à l'Avastin allonge la survie sans dégrader la qualité de vie. L'immunothérapie donne des résultats encourageants (essai Maps 2).
L’Andeva a réaffirmé son soutien à Mesoclin, malgré des disfonctionnements soulignés par des élus du réseau. Il a été ainsi signalé que certaines associations ont cherché sans succès le contact avec le centre Mésoclin de leur région. Arnaud Scherpereel s'est engagé à tenter d'améliorer cela. Les adresses des centres seront envoyées aux associations par les coordinateurs de Mésoclin qui appuieront les demandes de rencontres.
Le sociologue Emmanuel Henri, auteur du livre « Amiante, un scandale improbable » a tiré les leçons de l’affaire de l’amiante. Il a montré l’importance de la mobilisation des victimes et des actions judiciaires dans l’émergence du problème de l’amiante et les avancées de la législation. Pour lui, l’affaire de l’amiante est l’illustration d’une gestion des risques professionnels marquée par l’inertie et l’immobilisme de l’Etat.
Il a dénoncé la « fabrique du mensonge » par les industriels pour obtenir notamment une réglementation minimaliste sur les perturbateurs endocriniens.
Aline Archimbaud, présidente du comité de suivi « amiante » du Sénat, a regretté que les propositions de ce comité sur la prévention n’aient pas été prises en compte. Elle a dit sa colère d’avoir de voir des amendements rejetés sous prétexte qu’ils occasionnent des dépenses non budgétisées.
Le professeur Claude Got a rappelé qu’il proposait depuis 1998 le libre accès aux dossiers techniques amiante sur internet, notamment pour les occupants des bâtiments et les intervenants. Il a dénoncé l’effacement du rôle du Parlement en matière de santé publique.
Geneviève Savy, de la commission prévention de l’Andeva et de l’Aldeva Drome Ardèche, a évoqué les formations locales organisées dans les régions et leurs objectifs divers. Celles-ci s’adressent en effet aussi bien aux élus locaux, aux élus syndicaux des CHSCT et aux employés techniques et administratifs des déchetteries.
Didier Faure de la commission prévention et membre de l’Addeva 93 a souligné l’importance de revoir la formation des désamianteurs et des diagnostiqueurs. Il a exprimé son incrédulité devant le fait qu’on puisse se targuer de ces attributs après seulement deux journées de formation !
Le professeur Christophe Paris, directeur de recherche à l’Inserm et ex-président de la commission d’audition de la HAS sur le SPP, a tiré le bilan des données de la cohorte ARDco (16000 scanners de 2003 à 2015).
400 cancers broncho-pulmonaires et 72 mésothéliomes ont été détectés. Chez les porteurs de plaques pleurales, le risque d’avoir un mésothéliome est multiplié par 7 et celui d’avoir un cancer du poumon est multiplié par deux par rapport aux personnes exposées.
L’étude américaine NLSC (gros fumeurs suivis pas un scanner annuel) a révélé une diminution de la mortalité spécifique d’environ 20%.
En France, des recommandations sur les cancérogènes professionnels (HAS – INCa) préconisent une expérimentation analogue chez des personnes à haut-risque (tabac + cancérogènes professionnels).
Serge Moulinneuf, Bernard Grand, Alain Bobbio et Christiane de Felice ont fait part des expériences de l’Adeva Centre, du Caper des Combrailles, de l’Addeva 93 et de l’Adevimap.
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