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Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles

ADEVA CHERBOURG 2017 - 20 ans après, continuer le combat.

Les victimes et les familles sont venues nombreuses pour participer à l'assemblée générale de l'Adeva Cherbourg le samedi 4 février.

L'Adeva compte aujourd'hui 1269 adhérents. Elle a pris en charge les dossiers de 430 victimes décédées depuis sa création en 1996. Pour la seule année 2016, elle déplore encore 26 décès dus à l'amiante.

Le rapport d'activité 2016 montre l'importance des activités de l'association :

- 40 nouveaux dossiers de déclaration en maladie professionnelle et d'aggravation,

- 1047 rendez-vous pour traiter les dossiers en cours (25 personnes accueillies par semaine),

- 12 nouveaux dossiers de faute inexcusable de l'employeur,

- 17 nouveaux dossiers FIVA dont 5 concernent un complément.

- 418 dossiers DCN et 52 dossiers CMN sont encore en attente de jugement ou d'appel pour le préjudice d'anxiété.

L'association a accompagné des victimes lors de 17 audiences devant les Tass, cours d'appel ou tribunaux administratifs. Elle a organisé 13 permanences et 9 séances de groupes de parole pour le soutien psychologique. Ce qui représente 117 entretiens individuels animés par une psychologue.

Deux thèmes étaient au centre des rapports et des débats de cette assemblée : le procès pénal et le suivi médical.

Une plainte pénale a été déposée en 2005 à Cherbourg. 10 victimes (toutes décédées aujourd'hui) se sont portées partie civile; ainsi que la CGT de la DCN et l'Adeva Cherbourg. Elle a été transférée au pôle de Santé publique à Paris et instruite par la juge Bertella-Geffroy puis par la juge Fabienne Bernard. Une requête demandant communication des pièces du dossier lui a été adressée. Les bénévoles de l'Association ont beaucoup travaillé pour reconstituer l'organigramme complet de la DCN de Cherbourg de 1970 à 2004.

Pascal Canu, le président de l'Adeva Cherbourg a évoqué la question suivi médical post-professionnel pour les ex-salariés du ministère de la Défense.

"La situation d'abandon des malades pose un grave problème, alors que l'on sait que les porteurs de plaques et d’épaississements pleuraux ont 7 fois plus de risques de déclarer un mésothéliome. Nous considérons que sommes toujours dans une phase de dépistage d’une nouvelle maladie. Faute de visite systématique, cette maladie ne sera détectée qu'une fois à l'état grave.

L’incitation régulière et systématique à la surveillance auprès de cette catégorie de victimes malades a donc une importance prépondérante pour un dépistage précoce d’éventuelles complications. Or ce n’est plus ce qui nous est proposé par le Ministère de la Défense. De ce fait, les malades les plus susceptibles de déclarer un cancer broncho-pulmonaire ou un mésothéliome échappent à toute surveillance systématique et ne bénéficient plus d’accompagnement médical pertinent".

"Les gens sont aujourd'hui livrés à eux-mêmes. S'ils ne font pas les démarches, ils ne sont plus suivis", a souligné le secrétaire de l'Adeva Cherbourg, Noël Buhot.

Alain Bobbio, secrétaire national de l'Andeva, a remercié les adhérents de l'Adeva Cherbourg et des autres associations locales qui ont répondu à l'appel aux dons de l'Andeva. Il a évoqué les suites de la réunion du 9 janvier au Sénat : renforcer les liens entre le réseau de centres experts sur le mésothéliome (Mesoclin) et les associations locales de l'Andeva, relancer le suivi post-professionnel et assurer un suivi plus étroit des porteurs de plaques pleurales pour lesquels un sur-risque de cancer a été démontré, prioriser la prévention du risque "amiante" avec un plan de repérage et d'éradication des matériaux amiantés en particulier dans les écoles. Il a évoqué les prochaines échéances pour le pénal et pour la solidarité internationale avec le procès Eternit à Bruxelles le 28 mars.

François Lafforgue a dressé un état des lieux très complet des différentes procédures judiciaires : faute inexcusable, anxiété, pénal. Il a noté une importante évolution dans la nature des dossiers plaidés devant le Tass : autrefois 80% concernaient des fibroses et 20% des cancers. Aujourd'hui la proportion s'est inversée et de plus en plus de dossiers concernent des aggravations. Concernant le suivi médical, il a indiqué qu'une réflexion allait être menée sur la possibilité de judiciariser cette question, au vu du préjudice causé par l'abandon ou la régression du suivi médical, qui équivaut à une non-assistance à personne en danger.

 

ADEVA CHERBOURG 2017 - 20 ans après, continuer le combat.
ADEVA CHERBOURG 2017 - 20 ans après, continuer le combat.

L'assemblée générale de l'Adeva Cherbourg a été précédée à 8 h 15 par un dépôt de gerbe, devant la stèle en mémoire des victimes, inaugurée au printemps dernier, en présence de plusieurs personnalités locales.

"En regardant cette stèle, je pense à toutes ces vies brisées par l'amiante, à toutes ces familles bouleversées que nous avons accueillies et soutenues dans nos permanences, a dit Pascal Canu.

Il a rappelé les combats menés depuis 20 ans par l'Adeva et l'Andeva.

Il a dénoncé les lenteurs de la justice dans le procès pénal : "Il n'y a toujours ni responsables ni coupable d'une catastrophe qui fera près de 100.000 morts. Nous ne pouvons pas l'accepter. Quels que soient les obstacles et les difficultés, nous continuerons ce combat. Nous le devons à la mémoire de toutes celles et de tous ceux qui nous ont quittés. Nous le devons aux générations futures qui ne doivent jamais revivre de tels drames.
Il a rappelé que la santé et la vie des salariés doivent être protégées. "Nous savons qu’elles sont menacées par le développement de la précarité et de la sous-traitance, par la déréglementation et le saccage du Code du travail Nous ne pouvons accepter de voir sauter toutes les digues qui protègent les plus faibles et les plus vulnérables".

Il a souligné l'importance de la prévention : "Les pollueurs doivent être les payeurs. Les déresponsabiliser, c'est tourner le dos à la prévention. L'indemnisation n'est pas une affaire d'argent, mais de droit, de reconnaissance et de justice."

Avant d'appeler les participants à observer une minute de silence, il a conclu : "Réunis devant cette stèle, en hommage à tant d'être chers disparus trop tôt, nous voulons leur dire que nous ne les oublions pas. Nous n'oublierons jamais leurs souffrances ni l'injustice dont ils ont été victimes. Penser à eux nous donne la force d'aller de l'avant, la force de lutter pour un monde sans amiante, pour un monde où l'on puisse travailler sans risquer de perdre la vie, en assurant le bien être de sa famille. Pour qu'enfin, "on ne perde plus sa vie à la gagner".

 

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