Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles
André nous a quittés le 6 novembre 2018, il avait 69 ans.
"Après avoir exercé différents métiers : cuisinier, chauffeur routier et bien d’autres, il est embauché chez Renault en 1976 et se syndique aussitôt à la CGT.
Affecté au département 84-85, secteur de fabrication peinture, il effectue des travaux divers en remplacement de salariés, que ce soit au lavage des bidons de peinture, à l’empattage, ou au malaxage des ocres avec des solvants et des résines pour la fabrication des peintures laquées.
Mais c’est au bâtiment N, à la fabrication de mastic utilisé pour insonoriser et protéger de la corrosion les véhicules qu’il est amené à manipuler de l’amiante pur en sac pour alimenter les malaxeurs. L’amiante, ce poison, qu’il combattra plus tard au sein de l’Advarm 72, devenue depuis Adeva 72.
Combatif et chaleureux, conscient de la nécessité de s’investir pour défendre les conditions de travail, André est élu délégué du personnel en 1982. Il continue sa carrière à la peinture comme conducteur de car à fourche jusqu’en 1989, date à laquelle la société Renault se sépare de son activité peinture.
Muté à l’automobile en 1989, il continue à exercer son métier de cariste à l’atelier de fabrication des boîtes de vitesse de trafic au département 82. C’est cette même année que Dédé, comme nous aimions l’appeler, est élu conseiller municipal à la ville du Mans où il effectuera 2 mandats jusqu’en 2001 avec notamment une responsabilité de vice président de la communauté urbaine du Mans.
En 2005, il prend une retraite bien méritée, mais, fidèle à ses convictions, il reste syndiqué à la CGT et intègre la commission exécutive des retraités Renault. Soucieux de garder la convivialité et l’échange, il utilise ses talents de cuisinier pour concocter des tripes aux retraité(e)s, durant 12 années consécutives au mois de novembre.
Militant dans l’âme, André a mené le combat pour défendre la cause des victimes de l’amiante et sensibiliser les salariés et les militants sur ce fléau.
Il fut l’un des membres fondateurs marquant de l’ADVARM (association des victimes de l’amiante Renault Le Mans) et il en est devenu un président très actif durant une dizaine d’années.
Sur le sujet de l’amiante, André était de tous les combats. C’est une perte immense pour la cause des victimes. André, qui avait respiré des fibres du matériau, était lui aussi atteint d’une pathologie due à l’amiante, mais c’est finalement son cœur qui l’a trahi.
Pendant de longues années il s’est battu contre Renault qu’il avait assigné en justice. Quelle ne fut pas sa joie lorsque qu’il finit par gagner ce procès, après avoir tant dépensé d’énergie. Ce combat, il l’a mené pour que soit condamné RENAULT, un pollueur qui refusait toute responsabilité malgré les évidences et les nombreuses preuves apportées par André.
Il a su aussi transmettre ses connaissances. Il fût un très bon formateur pour un bon nombre d’entre nous ; avec André il ne fallait pas avoir les deux pieds dans le même sabot. Il montrait une grande rigueur dans le montage des dossiers de victimes, qualité indispensable pour que les personnes concernées soient indemnisées le mieux possible.
André avait un souhait : qu’une plaque commémorative soit érigée sur un site reconnu amianté en mémoire des victimes de l’amiante au Mans. Nous continuerons à réclamer ce dû.
De même, il n’a cessé de militer pour la tenue d’un procès pénal en France afin de faire payer les pollueurs et les empoisonneurs.
Aujourd’hui il nous a quitté, mais nous continuerons à faire le maximum pour perpétuer l’association à laquelle il tenait tant."