Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles
Des victimes de l’amiante auvergnates du Caper des Combrailles (Saint Eloy les Mines) ont raconté leur vie de labeur dans l’amiante et les problèmes de santé qui s’en sont ensuivi au journal « La Montagne ».
Quand ils racontent leur vie, ils ont le souffle court, ils respirent mal, toussent et s’essoufflent. Une conséquence des plaques pleurales. A chaque consultation de contrôle, ils ont peur que l’épée de Damoclès s’abattent sur leurs têtes. Peur qu’on leur annonce un mésothéliome, ce cancer de l’amiante. Ils ont vu leurs collègues, leurs amis, leurs proches en mourir dans la douleur.
Ils, c’est notamment Robert Nrozek et Wlatyslaw, rebaptisé René par ses collègues. Les deux hommes ont un parcours similaire. Des parents polonais qui ont immigré pour travailler à la mine de Saint-Eloy. Ils ont habité dans les cités minières de Montjoie que tout le monde habitait la petite Varsovie.
De la mine à l’usine.
Robert est entré à la mine dès 14 ans ; il est de suite descendu au fond. A 16 ans, il arrachait déjà le charbon.
Une carrière interrompue avec la fermeture de la mine qui est définitive en 1978. Mais, depuis des années, on propose aux mineurs de poursuivre à Buxières-les-Mines, à une heure de route, ou de travailler dans la nouvelle usine Distrimat qui deviendra Everitube, qui fabriquait notamment des plaques en amiante-ciment. « Moi, je voulais voir ma femme et mes enfants et continuer de jouer au foot avec l’équipe de Montjoie. On jouait au niveau du CFA actuellement, explique Robert ». « Moi, j’étais en train de faire construire ma maison, je n’avais donc pas vraiment le choix », ajoute René.
Les deux hommes ont donc choisi par défaut l’usine. « On savait que c’était de l’amiante, mais à l’époque, c’était positif, ça faisait de l’emploi. Et on gardait les avantages qu’on avait à la mine. On ne savait absolument pas qu’on en serait là aujourd’hui ».
Dans cette nouvelle usine, ils sont rejoints par de nombreux collègues : Bernard Grand, Michel Beurrier, Jean-Jacques Louis notamment. Mais aussi, et ils s’en veulent maintenant de les avoir fait embaucher à l’époque, par leurs enfants qui souffrent des mêmes maux. « On fabriquait des tuyaux et des plaques en amiante-ciment. On recevait de l’amiante en sac qu’on chargeait à l’épaule se souviennent les anciens collègues. Dans l’usine, il y avait plein de poussière mais on ne se rendait pas compte qu’on était en danger.
A l’époque, à Saint Eloy-les-Mines, ils ne sont pas les seuls à manipuler et à respirer de l’amiante au quotidien dans leur travail. Il y a également ceux qui travaillent à Sotreau, une chaudronnerie. Adrien Duval y est rentré en 1969, à la sortie de l’école, et y a fait toute sa carrière. Patrice Sivade en septembre 1975, en apprentissage au moulage pour fabriquer des pièces pour les boites de vitesse des plus grandes marques. L’amiante était notamment dans les moules des pièces.
Un premier décès
La prise de conscience a eu lieu à la fin des années 70, avec le professeur parisien Henri Pezerat. « Il y a eu des grèves et des investissements de la part des usines, donc on pensait que c’était bon, qu’on était protégé » se souvient un ancien syndicaliste.
En 1996, Jean-Michel Meritet, un collègue d’Everitube, décède d’un mésothéliome. Le premier. Pas le dernier. Depuis, le Comité amiante prévenir et réparer (Caper) des Combrailles a recensé 209 malades qui ont été reconnus comme souffrant d’une pathologie professionnelle.
Pour les membres de l’association, le combat se poursuit dans les tribunaux. « Mais même si on est indemnisés, indique l’un d’entre eux, la santé, on ne la retrouvera jamais ».
Le texte est une retranscription d'un article de Marie Collinet pour le quotidien "La Montagne".