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Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles

ECOLES : le tableau noir de l’amiante. Un article de Libération fait le point.

Un dossier publié le mardi 4 février par le journal Libération renvoie sur le devant de la scène un dossier sur lequel nous nous sommes énormément investi depuis ces deux dernières années : l’amiante dans les écoles, lycées et collèges. Souvenez-vous de la manifestation nationale 2018 qui avait été consacrée exclusivement à ce thème, et qui avait d’ailleurs été l’objet d’une médiatisation inédite. 

Nous pouvions penser, il y a deux ans, à la faveur de cette médiatisation, que les pouvoirs publics prendraient acte et commenceraient à s’occuper sérieusement du problème, mais le dossier de Libération laisser craindre au contraire, que rien n’ait vraiment changé et que le déni soit toujours d’actualité.

C’est en saisissant la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs) que le journal a pu consulter un fichier interne aux services de l’Education nationale représentatif de la présence d’amiante dans les établissements scolaires. Le dossier publié porte sur un tiers des établissements et aboutit à un constat sans appel : « la majorité des écoles, collèges et lycées construits avant 1997 contiennent de l’amiante. Là dans un plafond, ici dans une peinture, ailleurs dans une colle pour un revêtement de sol. Or, un bâtiment est un organisme vivant qui vieillit, se dégrade, nécessite des travaux qui eux peuvent exposer ouvriers, personnels et élèves. »

Aujourd’hui, le problème concerne 80% des lycées professionnels, 77% des lycées généraux et technologiques, 73% des collèges et 38% des écoles. On estime que 20 professeurs par an contractent un mésothéliome pleural, cancer spécifique de l’amiante. Par contre, le compte n’est pas tenu - et pour causes ! - pour les anciens élèves chez qui la maladie ne se déclarera que 20 à 40 ans après l’exposition !

Autre constat désolant : alors que le dossier technique amiante obligatoire depuis 2001 doit être à jour « un grand nombre de chefs d’établissements confessent n’avoir jamais eu connaissance d’un tel document. 65% d’entre eux n’ont pas ce document à disposition dans leur bureau comme l’exige la loi. Et quand un DTA existe, il est rarement mis à jour. Pourtant, là encore, le droit est clair : le DTA doit être actualisé tous les trois ans pour vérifier l’état de vétusté ».  

Une ancienne enquête de Libération avait déjà constaté le peu de maîtrise de ce danger sanitaire : « les responsabilités se diluent dans ce jeu de ping-pong entre les collectivités territoriales qui ont la charge de l’entretien du bâti… et le ministère de l’éducation nationale qui a le devoir d’assurer la protection de ses agents et des élèves ».  

Or, « beaucoup de chefs d’établissements, inquiets, racontent leur impuissance avec de multiples relances auprès de leur collectivité qui seule peut décider de la réalisation de travaux ».   

A cet égard, vous ne manquerez pas de lire le témoignage édifiant d'un directeur d’école de l’académie de Grenoble dans le dossier du journal "Il y avait des fissures dans les dalles amiantées et je voulais qu'elles soient bouchées. Je me rappelle encore d'enfants qui attendaient le bus, certains jouant avec des bouts de dalles... J'ai alerté la mairie mais elle faisait la sourde oreille. J'ai alors demandé aux parents d'intervenir." La marie finit par faire des travaux, du moins les commencer. "Il reste des fissures dans mon bureau, dans la bibliothèque, la salle des maîtres... Avant de faire ces travaux de désamiantage, ils ont décidé de lancer un grand chantier de mises aux normes accessibilité handicap de l'école. J'étais là et j'ai vu les ouvriers manipuler, scier, sans aucune protection les dalles amiantées. Normalement, le bâtiment aurait dû être confiné ! Toute l'école était recouverte d'un millimètre de poussière contenant des fibres d'amiante. Et la rentrée était huit jours plus tard. J'ai de nouveau averti la mairie et les travaux ont été stoppés. On nous a alors envoyé des personnels pour nettoyer mais, encore une fois, aucun d'eux n'avaient de protections. La mairie ne leur a jamais dit d'où venait toute cette poussière."       

 

L’Observatoire de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignements (ONS) supprimé !

Dans le même dossier, on apprend que cet organisme, créé en 1995 par François Bayrou, et qui était notamment chargé du suivi de l’amiante dans ces établissements allait être supprimé. Il sera supprimé par une cellule du bâti scolaire, placée sous la direction du ministère de l’Education nationale.  

Son président, Jean Marie SHLERET est furieux ce cette décision, lui qui s’attendait plutôt, après l’affaire du lycée Georges Brassens de Villeneuve-Le-Roi, à un renforcement du rôle de l’observatoire et de ses moyens. Pour lui, cette décision est un retour en arrière et vient d’une volonté du ministre de contrôler la communication sur ce sujet : « La cellule lui fournira des éléments de langage lorsqu’il sera attaqué sur tel ou tel sujet. Notre statut, un peu à part, nous assurait une indépendance et une liberté de fonctionnement. »  

 

A Paris, deux tiers des écoles et collèges sont concernés.

La capitale compte 764 établissements publics et 279 privés. Moins du quart des établissements parisiens sont répondu à l’enquête de 2016 menée par l’observatoire. Dans le détail, parmi ceux qui ont répondu, 89 ont signalé la présence d’amiante ; 57 n’ont pas répondu à la question « le DTA mentionne-t-il la présence d’amiante ? » et 48 n’en ont aucun.  

Depuis cette consultation, la mairie de Paris assure que les choses ont évolué et que tous les DTA des écoles et collèges publics sont à jour. Les établissements privés ne sont pas mentionnés dans son fichier car hors de sa responsabilité.

200 de ces 764 établissements sont, selon l’adjoint à la ville de Paris en charge de l’éducation, « débarrassés de toute trace d’amiante, et les autres font l’objet de contrôles triennaux ».

Du côté de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), on s’est décidé depuis peu « à faire un repérage des établissements ou cette question de l’amiante a été soulevée ».   

« On va lancer une formation des conseillers locaux pour qu’ils soient plus à même de comprendre les données qui nous servirons à élaborer un tableau de bord sur les questions de santé publique et ainsi tâcher de déterminer les priorités », déclare le président de la FCPE75.

Pour finir, Libération déplore que les questions d’amiante ne remontent à la surface des préoccupations des collectivités qu’au cas par cas, à la faveur d’interventions de parents ou de professeurs inquiets et motivés. Sur sa lancée, le quotidien a tenté de contacter les mairies d’une série de villes moyennes pour en savoir davantage sur leurs actions en ce domaine. Seules Brives et Troyes ont daigné leur répondre en avançant un bilan exhaustif de leurs écoles.     

 

Un outil pour savoir

Libération a développé un outil disponible sur son site et son application qui permet de savoir pour chaque école, collège et lycée, s’il existe un risque amiante. Deux cas de figure se présentent :

Soit l’établissement n’as pas répondu à l’enquête de 2016, et vous êtes en droit en tant que parent, élève majeur, professeur, animateur, agent d’entretien, de réclamer le DTA.

Soit l’établissement a répondu et vous saurez s’il y a de l’amiante, ou elle se trouve, s’il y a la nécessité de faire des travaux et si les contrôles sont régulièrement effectués.  

Ces obligations sont du ressort des collectivités locales (maires pour les écoles, départements pour les collèges, régions pour les lycées) mais personne ne vérifie si elles sont respectées.  

 

Parents, élèves, agents techniques, professeurs, n'attendez pas que les informations viennent à vous. Connectez vous directement à l'application mise en ligne par Libération et entrez le nom de votre école ou de celle de vos enfants dans l'espace réservé à cet effet.  

https://www.liberation.fr/apps/2020/02/amiante-ecoles/ 

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