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Le blog de l'Andeva

L’AVAQ écrit une lettre ouverte au premier ministre québécois

25 Août 2020, 13:02pm

APRES LA PUBLICATION D’UN RAPPORT HISTORIQUE DU BAPE SUR LE RISQUE AMIANTE AU QUEBEC

 

L’AVAQ écrit une lettre ouverte
au premier ministre québécois

 

Le Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE) du Québec a rendu public le 7 août un rapport exhaustif et rigoureux sur l'état et la gestion de l'amiante et des résidus miniers d'amiante (RAM). Bien que le gouvernement libéral fédéral ait interdit en 2018 l'extraction, l'utilisation, l'importation et l'exportation d'amiante, ces 8 résidus miniers, qui peuvent contenir jusqu'à 40% d'amiante et dont certains sont proches des zones d'habitation, sont exclus de cette interdiction.  Une société (Alliance Magnésium) a présenté un projet visant à extraire du magnésium de ces 800 millions de tonnes de déchets miniers amiantés. Cette activité risque de provoquer une exposition massive des travailleurs et de la population aux fibres d'amiante (voir ci-joint l'article du Bulletin de l'Andeva N°62). 

 

Dans ce contexte, le BAPE a mené pendant de longs mois une enquête approfondie et transparente au cours de laquelle l'Association des victimes québécoise (AVAQ), RightOnCanada, ou la Société Vaincre la Pollution ont pu remettre des mémoires et être auditionnées. 

Jean-François Borde, président du Caper Bourgogne, a également envoyé une contribution sur les dégâts de l'amiante canadien chez les travailleurs de l'entreprise Eternit à Vitry-en-Charollais, en France. Elle a été mise en ligne sur le site du BAPE.
Le rapport du BAPE confirme la cancérogénicité de toutes les variétés d'amiante et fait une série de propositions précises visant à améliorer la gestion du risque amiante, la réparation des maladies professionnelles et à empêcher que le traitement des Haldes ne se traduise par de nouvelles victimes (voir la synthèse de 6 pages).

Il a été salué par Michel Mercier de l'AVAQ (association des victimes de l'amiante au Québec) et Kathleen Ruff de RightOnCanada

 

La balle est désormais dans le camp du gouvernement québécois dont la responsabilité est engagée.

 

L’Association québécoise des victimes de l’amiante (AVAQ) a adressé une lettre ouverte à Légault, le premier ministre du Québec (voir ci-joint). Elle lui demande des engagements immédiats sur trois recommandations du BAPE :

1) l'abaissement de la valeur limite d'exposition professionnelle à l'amiante au Québec (100 fois plus élevée que certaines réglementations nationales !)

2) la simplification et l'humanisation des procédures de reconnaissance en maladie professionnelle avec notamment une "présomption irréfragable" d'exposition à l'amiante pour les personnes atteintes d'un mésothéliome

3) l'exigence de deux conditions préalables sur le retraitement des haldes :

- l'absence d'augmentation des niveaux d'empoussièrement dans l'air pour les travailleurs et la population,

- la destruction totale des fibres d'amiante à l'issue du traitement (avec suspension de tous les projets en cours tant que ces conditions ne sont pas remplies).


Si vous avez des commentaires ou des questions concernant cette lettre ou si vous souhaitez soutenir les actions de l'AVAQ sur ce dossier, vous pouvez contacter Gilles Mercier, Président, à gilles.mercier60@hotmail.com ou 1-514-701-5496 ou Norman King, conseiller scientifique à kingparent@sympatico.ca ou 1-514-835-0834.
 

Et pour celles et ceux qui souhaiteraient en savoir davantage, l'intégralité du rapport du BAPE (340 pages), le projet de la société Alliance Magnésium ainsi que tous les mémoires (plusieurs centaines !) et tous les comptes rendus d'audition sont consultables sur le site du BAPE.

 

_______________________

L'analyse de Kathleen Ruff, RightOnCanada.ca 

 

La Commission d'enquête du Québec publie un rapport historique sur l'amiante


Sam, 8 août 2020 Asbestos
   

Kathleen Ruff, RightOnCanada.ca

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, indépendant du Québec, a rendu public aujourd’hui son rapport sur l’état et la gestion de l’amiante et des déchets miniers d’amiante au Québec. La Commission de trois membres a été mandatée par le ministre de l'Environnement du Québec pour mener une enquête et conseiller le gouvernement sur la façon de traiter de manière responsable les plus de 800 millions de tonnes de déchets miniers d'amiante laissés par les mines d'amiante qui ont fonctionné au Québec pendant plus d'un siècle. ... En particulier, la Commission a été invitée à faire des recommandations concernant des projets de plusieurs milliards de dollars visant à extraire du magnésium et d'autres métaux des déchets miniers d'amiante.

Le rapport de la Commission note que la nocivité de toutes les formes d'amiante a été scientifiquement documentée et prouvée et qu'il n'y a pas de niveau d'exposition sûr à aucune forme d'amiante, y compris l'amiante chrysotile. La protection de la santé et l'amélioration de la qualité de vie sont les éléments centraux de son analyse, estime la Commission. Dans son rapport de 343 pages, la Commission formule des recommandations importantes, notamment les suivantes:

Que la norme d'exposition professionnelle du Québec soit immédiatement modifiée à 0,1 f / cc pour toutes les formes d'amiante. Cela rendrait la norme d'exposition du Québec à l'amiante chrysotile dix fois plus stricte qu'elle ne l'est actuellement.
Que le gouvernement du Québec crée une agence pour superviser la gestion et l'élimination sécuritaire de l'amiante et pour s'assurer que toute décision de commercialisation des déchets miniers d'amiante repose sur les meilleures connaissances scientifiques et est juste et transparente.
Que tout projet d'extraction de métaux des déchets miniers d'amiante ne doit pas exposer les travailleurs ou la population à des risques supplémentaires de dommages et que le processus d'extraction doit éliminer totalement les fibres d'amiante des déchets sans nuire à la qualité de l'air.
Que si le ministère de l'Environnement n'est pas en mesure d'établir des critères pour le niveau d'amiante dans l'air ambiant, il devrait mettre en œuvre un système de contrôle pour s'assurer que tout projet de commercialisation des déchets miniers d'amiante n'augmente pas le niveau de l'air ambiant des fibres d'amiante.
Que le gouvernement du Québec modifie sa réglementation pour y inclure les fibres d'amiante de moins de 5 micromètres, dont la recherche scientifique a montré qu'elles sont également nocives pour la santé, tout comme les fibres plus longues qui sont actuellement incluses dans la réglementation.
Que le gouvernement mette en place un registre des travailleurs qui ont été exposés à l'amiante.
Que le gouvernement du Québec établisse un registre public de tous les bâtiments contenant de l'amiante afin de réduire l'exposition et les risques.
Que le gouvernement exige que les travailleurs susceptibles d'être exposés à l'amiante soient formés et agréés.
Que le gouvernement réforme le système d'indemnisation des travailleurs du Québec, actuellement difficile et conflictuel pour les travailleurs, et rende le processus simple et humain.
Que les sols contenant de l'amiante soient inscrits au registre foncier et inscrits au registre des sols contaminés.
La Commission note que si le gouvernement du Québec approuve les projets de commercialisation des déchets miniers d'amiante, il serait le premier au monde à encourager une telle pratique et par conséquent ne pourrait bénéficier d'aucune législation ou expérience antérieure dans ce domaine.

Au cours des dernières décennies, la question de l'amiante, tant au niveau québécois que fédéral, était contrôlée par le ministère des Richesses naturelles. L'industrie de l'amiante a exercé une forte influence politique sur ces ministères, notamment en plaçant leurs propres lobbyistes au sein du gouvernement. L'accent était mis sur la promotion de l'extraction et de la vente d'amiante. Les preuves scientifiques peu pratiques ont été ignorées. Le ministère de la Santé au niveau québécois et fédéral a été mis à l'écart.

Aujourd'hui encore, le Conseil du patronat du Québec continue de faire passer les profits avant la santé humaine. Il continue d’appuyer des niveaux dangereusement élevés d’exposition à l’amiante pour les travailleurs et s’oppose à la recommandation voulant que la norme d’exposition à l’amiante du Québec soit plus rigoureuse.

Dans son rapport, la Commission insiste pour que le ministère de la Santé du Québec soit un acteur clé dans toutes les décisions concernant la question de l'amiante et, en particulier, la gestion des déchets miniers d'amiante.

La Commission a apporté une contribution importante et positive à la protection de la santé des travailleurs et des Québécois. Elle a mené ses auditions et son enquête de manière rigoureuse et transparente. Son rapport est complet et ses recommandations sont responsables et justes.

La question est maintenant : comment le gouvernement du Québec va-t-il réagir ?

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