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Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles

Autour de la journée internationale de la santé et de la sécurité au travail : conférence de presse de l'ADDEVA 72.

L'ADEVA 72 est toujours partie prenante du rassemblement que l’UD CGT organise chaque année à l’occasion de la journée internationale des victimes du travail du 28 avril. Elle est systématiquement invitée à y prendre la parole. Ce rassemblement se situe généralement sur un lieu où un accident mortel s'est produit dans l'année. Cela n’a pas pu se tenir cette année mais l’Addeva 72 a cependant participé à une conférence de presse lundi 27 avril au siège de l'UD CGT sur la journée des victimes des accidents du travail et maladies professionnelles. L’occasion de faire un point chiffré et argumenté sur un sujet souvent méconnu et dont voici quelques extraits. 

« Les nouvelles lois concernant le travail sont entrées en vigueur et les problèmes annoncés ne se sont pas fait attendre : la mise en place du DU (délégué unique) et la suppression des CHSCT ont déstabilisé le fonctionnement des déclarations d’AT/MP et les enquêtes ont souvent disparu.

Les Délégués Uniques ne peuvent plus qu’effleurer les problèmes et déserter les postes de travail pour participer à des réunions car ils ne peuvent pas être partout.

Les CHSCT constituaient un précieux contrepouvoir au sein des entreprises pour veiller à la santé des salariés. Leur disparition dans la réforme du Code du travail est un paradoxe inquiétant face aux problèmes de santé au travail qui eux ne disparaissent pas.

Selon le rapport de la CARSAT des Pays de Loire en 2017, 7000 accidents du travail ont été déclarés dans la Sarthe et 5426 indemnisés. Cela correspond à 285 146 journées de travail perdues, soit l’équivalent de plus de 1000 temps plein. On dénombre aussi 877 maladies professionnelles indemnisées. Cela correspond à 202 671 journées de travail perdues.

En Pays de Loire, les chiffres sont encore plus impressionnants avec 41067 déclarations d’accident de travail (soit 112 par jour) dont 37 mortels. Ajoutons à cela 7173 maladies professionnelles déclarées, soit 1188 421 journées de travail perdues qui équivalent à 5212 pleins temps. Cela correspond à un taux d’incidence de 36.8 pour 1000 salariés.

2% des maladies professionnelles sont dues à l’amiante et 22% d’entre elles sont des cancers.

64% des maladies déclarées concernent des troubles musculosquelettiques. Parmi ceux-ci, on compte 33,8% maladies de l’épaule, 28% maladies du coude, 37,5% maladies du poignet, de la main et des doigts et 0,9% maladies du genou. Et pourtant, d’après les chiffres d’un rapport de l’inspection du travail, il apparait qu’en France près de 30 000 cas de troubles musculosquelettiques ne seraient pas déclarés.

Près de 40 000 accidents du travail et entre 20 000 et 30 000 asthmes professionnels ne seraient pas non plus déclarés. Beaucoup de ces accidents et de maladies pourraient être évités par de meilleures conditions de travail, le respect de la législation, des protections et une formation adaptée, surtout chez les intérimaires qui sont souvent les plus exposés par leur méconnaissance du poste de travail.

Avec la réforme des retraites, le compte pénibilité a été remis en cause. La comparaison des enquêtes « Conditions de travail » de 2005 et 2013 avait mis en évidence des évolutions très marquées avec en l’occurrence une intensification du travail.

L’intensité du travail et les comportements hostiles sont associés à l’insécurité socio-économique, qu’elle résulte de la crainte pour son emploi ou des changements organisationnels. Avoir vécu un changement de l’organisation du travail multiplie par 1,5 la probabilité de déclarer au moins un comportement hostile par rapport aux salariés n’ayant pas vécu de tel changement.

Plus précisément, en 2016, 22 % des salariés signalent avoir été la cible de comportements méprisants au travail, 22 % d’un déni de reconnaissance de leur travail et 5 % d’atteintes dégradantes. Ces trois formes de comportements hostiles n’étant pas exclusives les unes des autres.

Le durcissement des conditions de travail s’est également accompagné ces dernières années d’une augmentation logique des suicides qui y sont liés.

Le manque d’effectifs de médecins et d’infirmières justifie aux yeux du gouvernement de confier la visite médicale aux médecins généralistes qui ne connaissent pas les produits, ni les conditions de travail auxquelles sont soumis les salariés et qui n’auront aucun droit d’intervention dans les entreprises et aucun pouvoir auprès des employeurs.

Il nous faut bien constater l’influence du patronat sur les gouvernements successifs pour qu’ils instaurent de nouveaux obstacles au suivi de la santé des salariés au travail pour réduire les cotisations liées aux AT/MP, s’affranchir des contraintes du Code du Travail et fuir ses responsabilités tant civiles que pénales.

En cette journée de commémoration des accidentés du travail, il apparait que cette politique à courte vue est largement contre -productive pour la société comme pour les entreprises.

De bonnes conditions de travail et un bon suivi de la santé des salariés ne sont-ils pas plus profitables que des journées d’arrêt pour accident, maladie professionnelle ou handicap lié aux séquelles ?

D’autant que la reconnaissance en maladie professionnelle est toujours très difficile à faire valoir : les raisons en sont multiples : lenteur administrative, frein des entreprises, mauvaise organisation des services, manque de personnel…

Aujourd’hui, sans l’appui d’une association, les victimes ont bien des motifs d’abandonner l’instruction par découragement.

C’est là que l’ADEVA 72 joue tout son rôle car elle informe, soutient et instruit les dossiers qui deviennent alors complexes. C’est sa raison d’être.

La sous déclaration des accidents du travail et des maladies professionnelles nuit à la bonne gestion de la branche maladie et creuse son déficit. Il est important de déclarer ces évènements afin de mettre les employeurs devant leurs responsabilités, ceci afin qu’ils respectent la législation et améliorent les conditions de travail de leurs employés. »

 

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