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Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles

La double peine des soldats du feu.

 

Ils ont été bien malgré eux les héros de cet été brulant. La vague de chaleur qui a déferlé sur la France depuis juillet a entrainé de nombreux foyers d’incendies dont ils ont eu du mal à venir à bout malgré l’aide précieuse de collègues européens. Plus de 1500 pompiers sont notamment intervenus cet été en Gironde pour faire à un gigantesque incendie. Certains d’entre eux y ont d’ailleurs perdu la vie. Et comme si cela ne suffisait pas, il s’avère que ce n’est pourtant pas le seul danger qui guette les bien nommés « soldats du feu ».  Le Centre de recherche international de recherche sur le cancer (CIRC) vient en effet de reconnaître la profession de pompier en tant que telle comme cancérogène. Ce classement très exceptionnel d'un métier dans le groupe 1 est aussi dû à une poly-exposition massive à toute une série de cancérogènes avec un effet cocktail par combustion.

Les sapeurs-pompiers sont particulièrement exposés aux émanations des fumées, mais aussi aux contaminations des tenues de feu, des matériels, des véhicules et des locaux. Le transfert de contamination est partout ou presque et son impact sanitaire n’est pas suffisamment pris en compte.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a récemment documenté ces dangers qui les menacent au quotidien. Elle pointe la nécessité de prendre en compte les risques encourus par les sapeurs-pompiers après une exposition, pendant et après les interventions de lutte contre l’incendie.  Suite à cela, le CIRC a pris la décision de classer l’exposition professionnelle des pompiers comme « cancérogène ».

Certains d’entre eux qui sont aujourd’hui conscients de ces risques, reconnaissent cependant qu’ils ne sont ni assez protégés, ni correctement informés. Le mot « cancer » n’apparaît dans aucun de leurs référentiels alors que 16 types de cancers sont officiellement reconnus comme maladies professionnelles par leurs collègues québécois.

En France, les douches de décontamination sur les véhicules restent rares et les armoires séchantes de décontamination à l’ozone commencent seulement à faire leur apparition. De plus, certaines situations d’urgence (feux de forêts ou de véhicules les nuits du 1er de l’an) les empêchent de réaliser les protocoles de nettoyage. Une réforme profonde des modes opératoires, des matériels et des formations est nécessaire mais la volonté politique de la mener et les financements correspondants se font attendre.   

Dans un guide de doctrine opérationnelle à destination des services départementaux d’incendie et de secours (Sdis), la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises a récemment souligné la nécessité d’en finir avec l’image du sapeur-pompier héros couvert de suie dans les supports de communication. Il est vrai que triompher d’un risque pour succomber à un autre, moins voyant mais plus insidieux, ne doit plus être une option. Encore moins une fatalité.  

Un important dossier sur ce sujet sera publié dans le prochain Bulletin de l’Andeva (n°69).  

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