Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles
Rédigé d'après des articles de Ouest France (20/12/2023 et de l'Orme combattante (18/01/2024)
Dans la vallée de la Vère, tristement connue sous le surnom de « vallée de la mort », près de Condé sur Noireau, plusieurs usines fabriquaient des garnitures à base d’amiante, jusqu’à l’interdiction de cette dernière, le 1er janvier1997. Sur la commune de Sainte-Honorine-la-Chardonne dans l’Orne, le site du Plat-fond est le plus important en surface. Il est laissé à l’abandon depuis près de 20 ans. Son passé, associé à des entreprises qui utilisaient de l’amiante, le rattrape. En effet, l’endroit est pollué et très cher à déconstruire. C’est le combat mené actuellement et depuis des années par l’Aldeva Condé Flers.
Le site appartient à la commune et est gérée par Flers agglo. Son avenir a été mis sur la table, jeudi 14 décembre 2023, lors du conseil communautaire de Flers agglo.
« Cette friche est un vrai sujet dans la vallée de la Vère, explique le président de Flers agglo Yves Goasdoué. Elle est très polluée et très chère à déconstruire. »
Une étude menée en 2021 par l’Établissement foncier de Normandie a révélé des traces d’amiante et de polychlorobiphényles (PCB), des huiles de refroidissement. Si personne n’est en mesure de quantifier l’amiante qui reste sur le site, une chose est sûre : « Il n’y a aucun modèle économique pour détruire ce type de friche, sauf celui qui consiste à utiliser de l’argent public pour confiner le site et le rendre non dangereux. C’est ce qu’on finira par faire. »
Les particules peuvent s’envoler
« L’usine du Plat-fond est préoccupante pour deux raisons, détaille Jean-Claude Barbé, président de l’Association locale de défense des victimes de l’amiante. Déjà, elle est régulièrement squattée. En août 2021, il y a même eu une rave-party à l’intérieur, faisant courir aux participants des risques énormes de respirer des fibres d’amiante. Ensuite, l’usine est ouverte aux quatre vents et les particules d’amiante peuvent s’envoler. »
En début d’année prochaine, c’est une autre opération de dépollution, indépendante de l’amiante, qui va avoir lieu dans l’ancienne filature. Pour alimenter l’usine en énergie, trois transformateurs électriques aux PCB étaient mis à contribution. « Ces transformateurs baignent dans des cuves qui contiennent du PCB, des produits polluants, détaille Emmanuel Le Secq, le maire de Sainte-Honorine-la-Chardonne. Quand l’usine a été désaffectée, des personnes l’ont visitée et ont endommagé ces cuves. Il y a eu des fuites de PCB. » Yves Goasdoué insiste cependant : « Les études ont montré qu’il n’y avait pas eu de migration de PCB vers la Vère. »
Comment financer la démolition ?
Si un transformateur a été évacué par Ferlam technologies, le dernier occupant du site jusqu’en 2005 qui ne fabriquait pas de produits en amiante et n’utilisait que ce seul transformateur, deux autres baignent encore dans leur cuve. Une convention a été signée avec l’entreprise, basée à Roubaix, dans le Nord, pour qu’elle paie encore 77 915 € et se « libère de ses obligations liées à la dépollution du sol ». L’objectif de l’agglomération est désormais d’évacuer les deux transformateurs et leur cuve restantes. « On verra ensuite comment on peut financer cette démolition, qui se chiffre à entre sept et huit millions d’euros. Elle ne peut pas l’être aux plans départemental ou régional, c’est trop lourd, il faut monter au ministère et faire traiter ça par le cabinet de Christophe Béchu, sinon on n’arrivera pas à nos frais. Mais c’est une affaire de long terme. »
L’agglomération va aussi sécuriser le site et installer des panneaux rappelant son caractère dangereux. « Nous ne nous faisons pas d’illusion sur le fait qu’il ne sera plus visité, mais il y a encore de l’amiante dans les structures et dans le sol ; c’est la raison pour laquelle il ne faut pas y aller », martèle Yves Goasdoué.