Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles
A l’occasion des 20 années d’existences du Caper des Combrailles, les responsables et les adhérents de l’association - près de deux cent cinquante personnes au total - se sont réunis le 19 octobre 2024 sur la place de l’Europe pour inaugurer un mémorial à la mémoire des victimes de l’amiante de la région de Saint Eloy les Mines en Auvergne. De nombreux élus locaux étaient présent. Jacques Faugeron, président de l’Andeva, et François Lafforgue, avocat de l’association, avaient fait le déplacement.
Pour les responsables du Caper, ce monument est l’occasion de rendre hommage à ceux qui ont perdus leur vie et à ceux qui continuent de souffrir des conséquences de l’exposition à l’amiante. Il est aussi le symbole de l’engagement des membres de l’association et des familles à ne jamais oublier les victimes et à continuer à lutter pour la justice et la sécurité au travail.
A travers les interventions de Angel Gonzalez, président du Caper, mais aussi de Jacques Faugeron, du maire de Saint Eloy les Mines et de Maryline Bernard, fille de Julien Bazzaro décédé d’un mésothéliome, la cérémonie a permis de se tourner vers le passé et de tirer les leçons de l’histoire. On s’est souvenu à quel point le bassin d’emplois de Saint Eloy avait lourdement payé et continuait à payer les conséquences de onze ans d’exploitation – de fin 1972 à fin 1983 - de l’entreprise Everitube, filiale du groupe Saint- Gobain/Pont-à-Mousson. Il faut préciser que l’implantation de cette usine s’inscrivait à l’époque dans un contexte extrêmement favorable : la fin de l’exploitation charbonnière était programmée, les mines autour desquelles tournaient toute l’économie locale allaient fermer et il fallait proposer une reconversion aux mineurs ainsi qu’une perspective d’emploi à la jeunesse locale.
Comme le dit Angel Gonzalez, président actuel du Caper, avec humour : « Je ne voulais pas travailler à la mine, je préférais exercer un métier plus sain. Je suis donc allé travailler dans une usine de fibrociment ! »
On s’est rappelé qu’en 1977, le chercheur Henri Pezerat, qui s’était déjà rendu deux ans plus tôt à l’usine Amisol de Clermont-Ferrand, avait été invité par le syndicat CGT de l’entreprise à visiter l’usine Everitube. Lors de la réunion publique qui s’ensuivit dans la salle de l’ancienne mairie, celui-ci s’était trouvé confronté à trois hauts responsables du groupe Saint Gobain qui tentaient vainement de démonter ses arguments sur la dangerosité de l’amiante. On n’aurait pas cru ce jour-là, devant la démonstration implacable du chercheur, qu’il ait fallu attendre encore vingt ans pour que l’amiante soit enfin interdit en France.
Puis ce sont des sujets plus récents, liés à l’activité du Caper, qui ont été évoqués. Le suivi médical post professionnel qui fût depuis le début le principal cheval de bataille de l’association qui continue chaque mois à organiser des déplacements de retraités exposés pour leur faire passer des scanners thoraciques. Puis la prévention avec les démarches effectuées auprès du Sitcom et du Valton pendant des années qui ont permis de concrétiser la récupération des déchets d’amiante des particuliers en 2017. Mais tout en regrettant que le coût de ces opérations soit supporté par la collectivité et que le principe « pollueur payeur » n’ait pas pu être appliqué.
La cérémonie ne s’est pas terminée sans de chaleureux remerciements au sculpteur Thierry Courtadon et à son équipe pour l’édification du monument, puis au le maire de Saint Eloy les Mines pour avoir accompagné ce projet ainsi que la mairie de Youx pour avoir hébergé le siège administratif du Caper durant toutes ces années.
La journée s’est poursuivie par un apéritif servi autour du plan d’eau, puis par un buffet dressé dans la salle des fêtes pour les quelques dizaines de personnes qui comptaient bien profiter jusqu’au bout de cette journée.