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Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles

De l'amiante dans les carrières alluvionnaires

Communiqué de presse

Le 12 décembre 2024

Présence d’amiante dans les carrières alluvionnaires

L’Andeva demande aux pouvoirs publics de dresser en urgence un état des lieux le plus complet possible d’un problème de santé publique potentiel. L’association ANDEVA qui représente les victimes de l’amiante souhaite qu’une campagne de mesures de l’émissivité des fibres d’amiante tout le long de la chaine d’exploitation des carrières soit réalisée par les autorités sanitaires indépendantes des exploitants

L’Andeva a pris connaissance du communiqué commun de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), de la Direction générale du Travail (DGT), de la Direction générale de la Santé (DGS), et de la Direction générale de la Consommation (DGCCRF) annonçant que la présence d’amiante avait été identifiée dans 16 carrières alluvionnaires sur 23 étudiées sur l’ensemble du territoire.

Ces mesures ont été faites par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

Il s’agit donc d’amiante - qui, rappelons-le, est un matériau fibreux présent dans la roche - trouvé dans des galets, des graviers ou encore du sable exploité dans le lit des rivières ou en plaine, selon qu’il s’agit d’une exploitation en eau ou à sec. Les granulats issus de l’extraction de ces carrières sont ensuite exploités pour produire des matériaux de construction tels que le sable ou le béton ou encore la pierre concassée, matériaux qui vont ensuite être employés sur les chantiers du bâtiment et des travaux publics.

Cette description situe l’ampleur du problème mis au jour par le BRGM. L’amiante étant un cancérogène sans seuil, comme le rappelle l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) dans la note d’appui scientifique mise en ligne hier à la demande des ministères concernés, c’est l’ensemble des opérateurs de la chaîne de traitement de ces granulats qui est potentiellement exposée à un risque grave, mais aussi le grand public.

Face à la résurgence de cette menace de sinistre mémoire, qui a provoqué en France une centaine de milliers de morts faute de mesures de prévention adéquates, les pouvoirs publics ont réagi par des mesures de prévention immédiates : saisine de l’Anses ; évaluation et prévention des risques pour tous les travailleurs impliqués demandées aux exploitants, via les préfets et les autorités compétentes, sous le contrôle de l’Inspection du travail ; recherche de la présence d’amiante dans l’air aux environs des carrières ; analyse du risque d’exposition du consommateur…

L’Andeva se félicite de cette réaction.

Toutefois, pour éviter de reproduire les erreurs du passé, l’association souhaite qu’un dispositif complet soit discuté et élaboré avec l’ensemble des parties prenantes, en toute transparence et dans plusieurs directions.

En premier lieu, et comme le souligne l’Anses dans ces recommandations, face à ce risque d’exposition sans seuil de cancérogénicité via des usages non intentionnels, des données permettant de caractériser le risque sont manquantes. Cela concerne les usages de ces matériaux et les conditions d’exposition du grand public, la traçabilité des granulats et leur émissivité, ainsi que celle des matériaux manufacturés. Pour compléter les mesures prévues par les pouvoirs publics, L’Andeva demande que soient menées des campagnes de mesures de l’émissivité des matériaux possiblement amiantifères tout le long de la chaîne d’exploitation, c’est-à-dire depuis l’extraction, la manufacture et l’utilisation sur les chantiers ainsi que dans les réalisations de constructions susceptibles d’exposer le grand public. Et l’Andeva souhaite que ces campagnes de mesures soient réalisées et/ou contrôlées par des autorités sanitaires compétentes et indépendantes des exploitants.

Il est également impératif que les travailleurs exposés dans les 16 carrières identifiées par le BRGM soient informés et qu’un suivi médical adéquat soit mis en place.

A ce sujet, l’Andeva note que c’est entre 2018 et 2020 que le BRGM a caractérisé la présence potentielle d’amiante environnemental dans les carrières alluvionnaires. « 81 carrières présentant un risque élevé pour les gisements exploités de renfermer des éléments rocheux amiantifères ont été identifiées sur les 222 carrières listées comme potentiellement concernées par cette problématique. », peut-on lire dans la note de l’Anses. Nous sommes en 2024 et seulement 23 carrières sur ces 81 identifiées il y a plus de 5 ans comme présentant un risque élevé, ont été expertisées.

Ce n’est pas sérieux face un danger potentiel aussi élevé que celui d’expositions à l’amiante. C’est pourquoi les pouvoirs publics doivent terminer au plus vite l’expertise des 58 sites restant.

Enfin, cette affaire illustre la nécessite de renforcer les moyens des organismes des autorités sanitaires et des organismes de contrôle et de prévention. L’Andeva demande aux pouvoirs publics de débloquer des crédits et des moyens exceptionnels aux organismes impliqués dans le traitement de ce dossier de santé au travail et de santé publique.

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