Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles
L’ADEVA 72 s’est réunie en assemblée générale le 15 mars 2025, dans les salles du CSE Renault sous la présidence de Pascal Luret. 207 adhérents à jour de leurs cotisations au 31/12/2024 étaient conviés à cette assemblée générale. 53 membres à jour de leurs cotisations étaient présents et 29 personnes étaient représentées par un pouvoir.
En début de séance, une minute de silence a été respectée en mémoire des victimes décédées au cours de l’année écoulée, avec une pensée toute particulière pour Patrick Bourdoiseau, bénévole de la première heure de l’association et membre du conseil d’administration qui est décédé en fin d’année. Pascal Luret a remercié chaleureusement l’ensemble des bénévoles pour leur travail.
Parmi les invités présents, citons Jacques Faugeron, président de l’ANDEVA, Frédéric Quinquis et Romain Bouvet du cabinet d’avocats Michel Ledoux et associés ; deux représentants de l’ADDEVA 44, deux élus de la mairie du MANS et le nouveau secrétaire général de l’union départementale CGT de la SARTHE.
Le but de l’ADEVA en 2024 s’est surtout axé sur l’information des élus locaux : les députés de la Sarthe et les conseillers départementaux que l’Adeva a rencontrés ont été surpris par la masse des problèmes que l’amiante continue de générer. Ils ont été alertés sur le sujet de l’amiante dans les écoles et semblent prêts à s'emparer du sujet. Tout comme la FNATH qui demeure l’un des partenaires privilégiés de l’Adeva et la FCPE qui à enfin répondu aux sollicitations de l’association. Celle-ci continue par ailleurs d’intervenir auprès de la mairie. Un courrier en ce sens a été envoyé à tous les membres du conseil municipal du Mans. La réponse envoyée par la mairie ne s’est pas révélée satisfaisante. Et pas davantage sur le sujet de la déchetterie malgré de nombreuses relances successives. Rappelons que l’Adeva réclame depuis de nombreuses années la création d’un espace réservé au stockage de sacs d’amiante à l’image de ce qui se pratique dans le Nord Cotentin.
L’association, toujours dans le but d’informer sur les problèmes mais aussi sur son activité, accepte de participer à différents évènements qui ponctuent la vie syndicale, comme le congrès de l’UD CGT de la SARTHE et les différentes assemblées de syndicats (Renault, Cheminots, etc.) et union locale de La Flèche.
Chantal Gaisne-Reuzé et André Panloup, membres de la commission dossiers médicaux ont exposé les difficultés rencontrées auprès de la CPAM, du FIVA et des différentes caisses (comité de réforme de la fonction publique, CPRP SNCF, etc.) : difficultés lors de l’élaboration des CMI ou des certificats de décès en lien avec une maladie professionnelle par les médecins, délai très court des questionnaires AMELI PRO et la lenteur de la justice.
Jacques FAUGERON a rappelé l’histoire compliqué du PLFSS et de l’article 24 devenu 90 dans la LFSS lors de son adoption. Puis il a précisé que l’amiante est un minéral naturel, elle est présente dans certains massifs rocheux français. Certaines carrières dites alluvionnaires, exploitées actuellement pour extraire des granulats (sables, galets, graviers…). Selon une étude de pré-expertise menée par l’ANSES sur 23 de ces carrières, 16 d’entre elles contenaient de l’amiante.
De leur côté, les avocats sont revenus en détail sur les péripéties de l’article 39 devenu 24 puis 90 ; puis sur les conditions d’indemnisation des victimes d’AT/MP et sur les risques auxquels étaient exposées ces indemnisations si l’ANDEVA, l’ANADAVI et la FNATH n’avaient pas alerté les syndicats et les élus du parlement.
Sonia HERTZ secondée par André et Chantal a tout d’abord présenté les statistiques de l’association en matière de dossiers : depuis 2020, en 4 ans nous sommes passés de 24 dossiers traités à 54, soit une progression de 125 % et un total de 265 dossiers depuis l'origine en 2003.
Il y a une progression significative des maladies professionnelles chez les femmes (25 % concernent des femmes en 2024, contre 23% en 2023). Leurs maladies professionnelles sont souvent des troubles musculosquelettiques (TMS)) mais on remarque aussi une progression significative des cancers en lien avec l’amiante (exposition environnementale sur le lieu de travail, éducation nationale par exemple).
26 dossiers de maladies professionnelles ont été reconnus en 2024. On remarque aussi une progression des dossiers ACAATA dus à une entreprise de la Sarthe, Valéo, reconnue site amianté et qui va fermer ses portes.
L’exposition à l’amiante reste la plus fréquente dans les dossiers que nous traités par l’Adeva mais les TMS dues aux mouvements répétitifs ou aux charges lourdes arrivent en force avec 25%. Comment, dans ces conditions, envisager des départs à la retraite à 64 ans voire 67 ans pour ces personnes « cassées » jeunes dont la moyenne d’âge se situe souvent entre 45 et 55 ans ?
Dernier point : l’asbestose ne représente plus que 8% des dossiers, les cancers broncho-pulmonaires 21% et les autres cancers ovaires, larynx, rein, sein, mésothéliomes culminent à 8%.
On a évoqué les ravages de la pierre artificielle (plan de travail…) composée de silice et qui met en danger les ouvriers qui la travaillent en provoquant des silicoses aigües et des cancers du poumons. L’Australie a montré l’exemple en interdisant son l’exploitation et son commerce. Qu’attend l’Europe pour suivre son exemple ?
Au travers de ces deux exemples, ce sont les conditions de travail qui ont été mises en cause. La leçon à tirer de ce débat, c’est qu’il faut arrêter de créer des produits dangereux pour la santé des salariés comme de la population. Quel que soit les métiers et les dangers encourus, il est impératif de mettre en place une bonne protection en matière de prévention des accidents et des diverses expositions aux CMR (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques). Et il est impératif de combattre la sous déclaration des accidents du travail et maladies professionnelles en les déclarant systématiquement, même si c’est devenu plus compliqué depuis la disparition des CHSCT transformés en CSE.
La clôture de l’assemblée générale s’est faite par le pot d’amitié. un repas festif où 58 personnes étaient présentes a terminé la journée.