Actualité de l'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante et autres maladies professionnelles
Les associations réunies autour du combat pour le démantèlement de l’usine de broyage d’amiante CMMP située à Aulnay Sous-Bois, sujet souvent abordé dans le Bulletin de l’Andeva, se sont réunies le jeudi 20 mars pour célébrer une victoire importante. En effet, l’entreprise fautive a été condamnée à payer les frais de remise en état des lieux à la municipalité d’Aulnay. L’entreprise a également été condamnée à verser 10 000 euros à chacune des associations qui étaient parties prenantes de cette procédure au titre de leur préjudice moral. Vous trouverez ci-dessous les interventions de François Lafforgue, avocat du collectif ; Nicole Voide de Ban Asbestos ; et Alain Bobbio de l’Addeva 93.
La première intervenante de la soirée était Nicole Voide. C'est elle qui est à l'origine de la révélation de ce scandale sanitaire. Elle a initié et mené ces 30 ans de lutte avec son mari Gérard, dont un message est lu par Alain Amédro à la fin de son intervention. Nicole a mené ce combat par nécessité. Celle de simplement rendre justice à son frère Pierre Léonard, décédé en 1996 des suites d’un mésothéliome, maladie de l’amiante contractée par sa seule présence en tant qu’enfant sur les bancs de l’école du Bourg dans les années 50. Il est la première victime reconnue officiellement à Aulnay.
François Lafforgue est avocat spécialisé dans le travail, la santé et l'environnement. Il s’est forgé une solide réputation en s’attaquant à de grands groupes industriels ou à l’État. Il est l'avocat de l'Andeva depuis ses débuts au sein du cabinet TTLA. Il suit les associations du collectif d'Aulnay depuis très longtemps et est à l’origine de cette victoire.
Loin des tentatives de récupération politiques d'élus locaux, il explique que ce sont bien les associations qui ont inversé le rapport de force qui allait innocenter le CMMP : "Si nous n'avions pas été là, il ne se passait rien !". Il démontre, comme la cour d'Appel l'a reconnu, que le combat judiciaire qui n'a été possible que par la mobilisation du collectif des bénévoles.
Annie Thébaud-Mony est sociologue du travail en santé publique, directrice de recherche honoraire à l’INSERM, fondatrice et ex-directrice du laboratoire Giscop93. Elle a consacré sa vie a la santé au travail notamment au côté du toxicologue et lanceur d’alerte Henri Pezerat disparu en 2009. En liant la connaissance scientifique et l’action militante, elle préside l’association Henri Pezerat, et est porte-parole de Ban Asbestos France. Elle refuse la Légion d’Honneur en 2012 pour protester contre le manque de moyens de la recherche, manque de moyens qui protège les industriels.
Elle explique durant cette soirée comment s'est formée la synergie gagnante entre les lanceurs d'alerte, les associations et les scientifiques.
Alain Bobbio est président de l’Association de défense des victimes de l’amiante en Seine-Saint-Denis (Addeva 93). Il est au cœur de très nombreux combats contre l’amiante. Dans la foulée de Nicole et Gérard Voide, il a joué un rôle clef pour faire reconnaître qu’il y avait bien de l’amiante dans l’usine et dans son processus de dépollution.
Il explique qu'au début des années 2000, "il y avait un sentiment d'irresponsabilité absolue". L'ancienne usine, pleine d'amiante, "était même devenue un terrain de jeu pour les enfants". À cette époque, "on avait frôlé la catastrophe", car une dépollution sauvage était programmée dans un premier temps, sans même déménager l'école maternelle attenante. Pendant des décennies, "on savait que l'amiante tuait, mais la loi de l'argent a été la plus forte".