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Le blog de l'Andeva

Cancers de l'ovaire et du larynx liés à l'amiante, Christiane de Felice répond aux questions de "La Marseillaise".

27 Septembre 2022, 09:32am

Un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire démontre le lien entre certains cancers du larynx et de l’ovaire et une exposition à l’amiante. Christiane de Felice de l’Adevimap évoque le sujet dans le journal « La Marseillaise » du 21 septembre 2022.

Que change ce nouveau rapport de l’ANSES ? 

CDF : L’expertise de l’Anses estime que les liens causals entre l’exposition à l’amiante et les cancers de l’ovaire et du larynx sont aujourd’hui avérés. Ce lien était déjà reconnu depuis 10 ans par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), lié à l’OMS. Reste au ministère de la santé d’acter maintenant l’inscription de ces cancers aux nouveaux tableaux de maladies professionnelles.

Cela faciliterait l’indemnisation des malades avec la création d’une « présomption d’origine » pour les cancers concernés.

A quelles difficultés sont confrontées les victimes ?    

Aujourd’hui les victimes rament notamment parce qu’elles doivent apporter elles-mêmes la preuve du lien entre le cancer et leur travail. Aussi il y a encore trop peu de médecins, face à certaines pathologies, qui posent la question du parcours professionnel. S’ajoute un problème de sous-déclarations : alors que nous sommes dans un bassin d’emploi ou les salariés sont exposés à d’importants cancérogènes, nous estimons qu’une déclaration sur deux n’est pas effectuée.

Quels autres leviers avancez-vous pour une meilleure reconnaissance des maladies professionnelles ?

Nous souhaitons que la Sécurité sociale, d’une part ait des services plus attentifs et prenne en compte plus aisément le lien entre le travail et la pathologie. Deuxièmement, lorsque la pathologie est prise en compte, la Sécurité sociale devrait donner des informations à ces victimes en demandant à celles-ci de faire une faute inexcusable auprès de leur employeur. Si nous l’obtenons, et nous en avons eu beaucoup dans le secteur, à ce moment-là ce sont les employeurs qui payent. Le nœud du problème est là.   

***

En bas de cet article, la lettre du député des Bouches du Rhône Pierre Dharreville demandant au ministre de la Santé de prendre en compte l'avis de  l'Anses et de pousser à la création de ces deux nouveaux tableaux de MP 

Christiane faisait partie de la délégation lors de l’audition de l’Andeva par l’Anses le 21 juin 2021, en compagnie de Jacques Faugeron et de Alain Bobbio.   

Réalisée en visio-conférence, cette audition à permis à l’Andeva de formaliser ses demandes et ses critiques mais aussi de donner à l'agence des éléments concrets à même de renforcer son avis sur la nécessité d'introduire de nouveaux tableaux de sécurité sociales.  Elle a vivement regretté qu’il ait fallu 12 ans entre les recommandations du CIRC de 2009 et la mise en place de la saisine de l’Anses. Ce délai illustre le décalage important entre la progression des connaissances scientifiques et leur intégration dans les tableaux de sécurité sociale.

L’association a fait part des cas de cancers des ovaires liés à l’amiante portés à sa connaissance, ainsi que des cas de cancers du larynx dans les trois associations locales représentées (Addeva 44, Adevimap, Addeva 93).  

L’Andeva a rappelé que, dans les cas de cancers hors tableau, l’origine professionnelle était généralement négligée, et que les premiers avis de médecins généralistes pouvaient être décourageant pour les victimes quand ils leur rappellent la difficulté à déjà se faire reconnaitre pour des cancers broncho-pulmonaires présents dans les tableaux.

Les médecins généralistes manquent cruellement de formation et de connaissances sur les origines professionnelles des maladies. Les médecins spécialistes sont dans le même cas ; dans le cas du cancer de l’ovaire, les gynécologues sont peu au fait des enjeux liés à l’amiante et aux expositions professionnelles.

L’Andeva a aussi abordé le problème des poly-expositions qui est une situation régulièrement abordée par les CHSCT. Des synergies existent entre les cancérogènes pulmonaires diffus (amiante, silice, poussières métalliques, gaz, …) Pour autant, le système des tableaux de MP ne permet pas la prise en compte des expositions à des cancérogènes multiples.

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