Fernand TURCOTTE, militant anti-amiante québecois, ami de l'Andeva, est décédé du Covid19 le 16 mai dernier.

Fernand Turcotte en 2012 à Paris

Le docteur Fernand Turcotte, professeur émérite de l'université Laval de Montréal, s’est éteint à l’âge de 78 ans. Le COVID-19 a emporté cet expert en santé publique, cofondateur du Département de médecine sociale et préventive de l'Université Laval qui a longtemps lutté pour des lieux publics sans tabac et pour l'interdiction de l'amiante dans ce pays qui la produisait et l'exportait massivement avant d'en interdire définitivement la production et le commerce en décembre 2018. Nous l'avions reçu à l'Andeva en 2012 à l'occasion de la Journée internationale des victimes de l'amiante.  

Le Dr Turcotte était à la retraite et malade depuis des années, mais il continuait de s’engager dans des activités d’enseignement et de recherche. Il était encore membre du conseil d’administration de l’organisme Médecins pour un Canada sans fumée.

Maintes fois reconnu

Selon sa biographie de l’Université Laval, le Dr Fernand Turcotte a reçu la médaille DeFries de l'Association canadienne de santé publique en 1998, pour services exceptionnels rendus à la santé publique des Canadiens.

Il a écrit et coécrit une cinquantaine de publications dans des revues et journaux scientifiques, en plus de traduire des livres du domaine médical, comme Dois-je me faire tester pour le cancer? Peut-être pas et voici pourquoi et Psychiatrie mortelle et déni organisé.

Une des figures de la lutte anti-amiante au Québec.

Le docteur Turcotte a aussi lutté pour que les faits scientifiques passent devant la partisanerie politique.

En janvier 2011, il signait une lettre envoyée au Collège des médecins pour qu'il fasse pression sur le gouvernement provincial pour qu'il renonce à contribuer à la relance de l'industrie de l'amiante.

Avec une cinquantaine de professionnels du milieu de la santé, le Dr Fernand Turcotte déplorait que le travail de désinformation du gouvernement à propos des risques à la santé que pose l'amiante. En entrevue à Radio-Canada, il avait indiqué qu'une utilisation sécuritaire de l'amiante, ça n'existe pas.

En octobre 2012, il était venu à Paris à l’invitation de l’Andeva pour participer à la journée internationale des victimes de l’amiante. Celle-ci s’était déroulée dans la salle Clémenceau du Sénat et avait réuni de très nombreux intervenants des cinq continents. Une forte délégation québécoise était présente aux côtés de Fernand.

Il aura finalement eu le bonheur de voir sa combativité et son intégrité récompensée, d'abord en 2016 avec l'annonce de l'arrêt de la production et de l'exportation de l'amiante canadien, puis en décembre 2018 avec la mise en oeuvre définitive de cette décision.

Pour cela, les victimes de l'amiante qui lui doivent beaucoup.