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Le blog de l'Andeva

Lubrizol, trois ans après...

23 Janvier 2023, 14:27pm

Le 26 septembre 2019, vers 2h40 du matin, un énorme incendie se déclare dans une aire de stockage de l’usine Lubrizol de Rouen. 9 000 tonnes de produits chimiques brulent. Une toiture de 8000 mètres carrés en amiante-ciment explose. Une colonne de fumée de 22 km de long, chargée de cocktails chimiques toxiques et de milliards de fibres d’amiante voyage jusqu’en Belgique. Des dizaines de tonnes de productions agricoles ou laitières doivent être jetées. Plus de 200 pompiers sont mobilisés.

Lors d’une conférence de presse tenue le 1er octobre, le préfet de Seine Maritime confirme que durant l’incendie, une toiture d’amiante-ciment de 8000 mètres carrés avait explosé projetant de nombreux fragments aux alentours.

Mais, s’appuyant sur des résultats de mesures d’empoussièrement réalisées au sol, à 200 mètres du site, il soutient qu’il n’y a « pas de risque amiante avéré ». Il indique que l’éclatement de la toiture était dû à l’effet mécanique de l’explosion de fûts de produits chimiques qui auraient projeté des débris de fibrociment un peu partout, sans libérer aucune fibre d’amiante !

L’Addeva Rouen Métropole et l’Andeva contestent aussitôt cette affirmation irresponsable et stupide. Que des mesures d’empoussièrement réalisées un peu au-dessus du niveau du sol, à 200 mètres de l’usine, révèlent une concentration faible voire nulle de fibres d’amiante n’a rien de surprenant.

Dans une toiture en fibrociment, le ciment englobe les fibres d’amiante. Mais, lorsqu’un gigantesque incendie ravage 8000 mètres carrés de toiture amiantée, ces plaques, portées à très haute température, libèrent des milliards de fibres d’amiante dans l’air. Ces fibres ultra-légères et incombustibles sont entraînées par un mouvement ascendant des gaz surchauffés qui peut les transporter – comme les suies - sur des distances importantes, avant qu’elles ne redescendent vers le sol. Elles peuvent alors être inhalées par des personnes se trouvant dans la zone de retombée. Alain Bobbio explique cela dans l’émission à partir de 39 min et 40 secondes.

Ce risque est bien connu des spécialistes de la lutte contre le feu. Il était facile de l’éliminer totalement.  Il est aberrant que vingt-deux ans après l’interdiction de l’amiante, cette toiture n’ait pas été enlevée, a fortiori sur un site classé Seveso.

Suite à cette catastrophe, des dizaines de plaintes pour mise en danger d’autrui ont été déposées. L’Adeva 76, l’Addeva Rouen métropole et l’Andeva se sont portées partie civile.

Officiellement, les autorités n’ont constaté aucune conséquence sur l’environnement et la santé des habitants. Trois ans plus tard, l’émission "Envoyé spécial" rouvre les dossiers et certaines analyses posent question. Prélèvements peu rigoureux, analyses inquiétantes écartées, risque industriel sous-estimé, les Rouennais doivent-ils s’inquiéter pour leur santé ? Un tel accident pourrait-il se reproduire ?

Voir l'émission en cliquant sur le lien qui se trouve en haut de cet article. Le repartage sur Lubrizol se trouve à 27 minutes 30 environ après le début de la vidéo et l'intervention d'Alain Bobbio à 39 min. 

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