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Le blog de l'Andeva

Friche amiantée du Plat-Fond : une lueur d'espoir pour l'Aldeva Flers (Condé Sur Noireau)

27 Juillet 2021, 08:40am

Un article de Paul LE MEUR publié dans "L'Orne Combattante" le 25/07/21

ATTENTION - ACTU - UNE RAVE PARTY DANS CETTE USINE (voir le communiqué de presse en fin d'article - mise à jour du 17/08/2021)

 

Alors que Flers Agglo a annoncé une étude pour étudier l'avenir de la friche amiantée du Plat-Fond, l'Aldeva Condé-Flers qui se mobilise depuis la fermeture pour la déconstruction et le désamiantage du site se réjouit de voir une avancée après 16 ans de lutte.

Cela faisait quelque temps que Jean-Claude Barbé, président de l’Aldeva (Association locale de défense des victimes de l’amiante) Condé-Flers n’avait pas mis les pieds sur le site de la friche amiantée du Plat-Fond, dans la vallée de la Vère. Un site pour lequel il demande, depuis 2005 et la cessation d’activité du dernier exploitant, Ferlam Technologies, une démolition de l’usine dans laquelle des produits utilisant de l’amiante ont été fabriqués pendant plusieurs décennies.

Mais ce combat pourrait enfin voir une issue, avec l’annonce, lors du conseil de Flers Agglo du 17 juin, du financement d’une étude, en collaboration avec la Région et l’EPFN, afin de voir ce qui était faisable.

Un site partiellement désamianté

A quelques mètres de l’usine, exposée au vent, la Vère coule paisiblement, amenant des déchets dans toute la vallée. Sur ce site, où des plaques d’amiante et de la poussière restent encore, 24 ans après la fin de l’interdiction d’exploitation de l’amiante et malgré un désamiantage partiel de Ferlam Technologies, la nature a repris ses droits.

A quelques mètres de la Vère, sous-affluent de l’Orne, les bâtiments dans lesquels Ferrodo a fabriqué des produits à base d’amiante, ont tous leurs vitres brisées, laissant ainsi l’amiante se disperser au gré du vent. Si l’usine est dans un si mauvais état, c’est à cause de l’action de quelques visiteurs indélicats, selon l’un des membres de l’Aldeva Condé Flers, Yvan Pautonnier : « C'est squatté en permanence, on a même déjà vu des voitures stationnées dans le hangar à une époque. Il y a même un groupe de musique qui a tourné un clip ici. Quand l'activité a cessé, le site était dans un état correct, mais la dégradation a été très rapide, notamment par l'action des squatteurs. »

Et si Flers Agglo, propriétaire des lieux puisque dans les années 90 la commune de Sainte-Honorine-la-Chardonne avait racheté l’usine dans l’espoir d’y maintenir une activité et les emplois qui vont avec, a essayé d’en empêcher l’accès, force est de constater qu’il est impossible d’éviter des intrusions sur le site, malgré sa dangerosité.

Aucune réponse de l’Etat

Du street art montre que le site est régulièrement visité, malgré la dangerosité. « En bas, ils travaillaient l’amiante à la fourche », relate Jean-Claude Barbé. L’usine du Plat-Fond, c’est pour les membres de l’Aldeva qui se battent depuis de longues années contre les sociétés qui ont donné par la force des choses à la vallée de la Vère son surnom de vallée de la mort, une plaie à vif qui ne cicatrisera que quand le site disparaitra. « Ce qu'on demande, c'est que le site soit déconstruit, et les matériaux évacués. On ne voulait pas que les travaux soient à la charge du contribuable au départ, mais on n'a malheureusement pas le choix. Lors de notre dernière réunion avec Yves Goasdoué, il évoquait qu'une partie du site pourrait intéresser un repreneur. Si c'était le cas, ça obligerait l'Etat à nettoyer le lieu. »

Si l’Aldeva a sollicité à plusieurs reprise l’Etat français, par le biais de lettres à Ségolène Royal lorsqu’elle était ministre de l’écologie, ou encore plus récemment à Barbara Pompili, ministre de la transition écologie, il n’y a jamais eu de réponse. « Le député de la Seine-Maritime Sébastien Jumel a aussi écrit une lettre à la ministre, mais depuis on n’a pas de nouvelles. » 

Une usine parmi d’autres

Si pour l’usine du Plat-Fond le problème devrait être réglé dans les années qui viennent, l’Aldeva a bien d’autres combats à mener dans la vallée de la mort. Il y a eu de nombreuses usines avec de l'amiante ici, car le savoir-faire des tisserands intéressait Ferodo. Il y a l'usine des Vaux de Vère, la petite suisse, la Martinique qui a brûlé, et l'usine du Rocray. On sait aussi que les usines enfouissaient de l'amiante, notamment dans la forêt de Saint-Clair-de-Halouze ou dans les mines de Saint-Rémy. Si un agriculteur avait un trou à combler, il venait prendre de l'amiante. A chaque fois qu'un champ était labouré, des déchets d'amiante remontaient.

Ce qui préoccupe l’Aldeva aussi, c’est l’évacuation de l’amiante chez des particuliers qui sont encore nombreux à en avoir dans leur propriété : « les tarifs de décontamination de l’amiante sont trop chers pour les particuliers. L’Andeva, l’association nationale à laquelle nous sommes rattaché, avait commencé à travailler sur un projet de loi pour le financement d’une aide pour les particuliers. On pourrait créer un fond, qui serait alimenté par les anciennes manufactures d’amiante, comme Ferrodo ou Eternit. »

Le combat reste donc encore long avant d’espérer que l’amiante ne soit plus qu’une page noire de l’histoire de la vallée de la Vère.

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